Loisirs – Visite de l’usine Rolls-Royce
C’est à l’occasion d’un voyage en Angleterre et grâce à la collaboration de Rolls-Royce Motor Cars Geneva, que j’ai eu la chance de visiter l’usine Rolls-Royce située à Goodwood. Voilà mon récit après que j’aie découvert l’antre de la marque automobile la plus luxueuse et la plus exclusive au monde.
Texte : Sébastien Morand / Photos : Alexis Markov, Sébastien Morand, Rolls-Royce Motor Cars
Rolls-Royce, c’est le summum de l’automobile. En fait c’est même plus. A mes yeux, il y a toutes les marques automobiles réparties sur différents segments et différents niveaux de qualité et de prestige. Et puis, au-dessus, il y a Rolls-Royce. J’avais déjà ce sentiment depuis de nombreuses années et il s’est confirmé en 2015, lors de notre essai de la Wraith. La rencontre avec une Rolls-Royce est un moment unique et exceptionnel. Depuis ce jour, je n’ai plus la même vision du luxe automobile. En effet, chez le constructeur britannique, la seule limite est celle de votre imagination. Et celle également de votre porte-monnaie me direz-vous… bien sûr, mais ne nous attardons pas sur des choses aussi futiles.
Devant me rendre au Goodwood Revival 2016, je songe que voici une excellente opportunité de visiter l’usine Rolls-Royce, située à quelques encablures du circuit. Après quelques discussions avec Rolls-Royce Motor Car Geneva, la bonne nouvelle tombe : nous sommes attendus au siège de la marque le matin de notre arrivée en Angleterre.
Hier
Démarrons notre histoire… avec un peu d’histoire. Tout commence au début du vingtième siècle, lorsque Frederick Henry Royce et Charles Stewart Rolls s’associent pour créer Rolls-Royce, en 1904. Sir Charles Rolls, issu d’une richissime famille de l’aristocratie britannique, est un pionner du sport automobile ainsi qu’un notable importateur d’automobiles d’Europe, néanmoins déçu par le niveau technique des voitures d’alors. Un jour, il rencontre Henry Royce, un mécanicien venant d’une modeste famille et qui crée différents matériels électromécaniques. Ce dernier, après avoir découvert l’automobile, nouvelle invention des premières années 1900, s’attelle à la rendre plus fiable tant lui aussi trouve que la qualité n’est pas au rendez-vous. Ensemble, Rolls et Royce vont mettre un point d’honneur à fabriquer les meilleures voitures du monde. Sir Henry Royce formule alors cette phrase historique résumant bien leurs intentions : « Take the best that exists and make it better » !
Dès lors, différents modèles, tous plus mythiques les uns que les autres, vont sortir des chaînes de montage Rolls-Royce, comme la Silver Ghost, qui parcourut 15’000 miles entre le 1er juillet et le 8 août 1907 sans aucune panne mécanique. En parallèle, les deux associés fondent également Rolls-Royce PLC qui produit des moteurs d’avions, notamment celui du fameux Spitfire. En 1931, la marque rachète Bentley, un constructeur concurrent plus petit, alors en difficulté financière. Plus tard, en 1946, l’usine est déplacée à Crewe où se trouve aujourd’hui encore le siège de Bentley. Dès lors, en plus des châssis, c’est aussi les carrosseries qui y seront fabriquées. Des modèles iconiques, tels que la Bentley Mark VI et la Rolls-Royce Silver Dawn voient le jour.
En 1971, à la suite de graves difficultés financières, la société est nationalisée puis, en 1973, elle est séparée en deux entités distinctes lorsque le gouvernement britannique privatise la division automobile. En 1980, c’est l’équipementier militaire Vickers qui rachète l’entreprise Rolls-Royce Motors puis la cède, en 1998, au groupe Volkswagen. Néanmoins, la marque Rolls-Royce et son logo ne sont pas inclus dans ce rachat. C’est toujours la division aéronautique qui en est propriétaire et qui décide de la vendre à BMW. Jusqu’en 2003, les deux constructeurs allemands trouvent des arrangements pour continuer la fabrication de voitures avec, entres autres, des moteurs BMW.
Finalement, depuis le 1er janvier 2003, Rolls-Royce Motor Cars, société créée par BMW en 1998, s’établit à Goodwood, dans l’usine que nous visitons aujourd’hui. Fait très impressionnant, à cette date, la fabrication des Rolls-Royce repart de rien, ou presque, puisqu’aucun collaborateur, hormis peut-être un ou deux, n’a été transféré de Crewe à Goodwood !
La nouvelle Phantom voit le jour, déclinée en différentes versions (Extended Wheelbase, Coupé, Drophead Coupé), puis c’est au tour de la Ghost, l’entrée de gamme du constructeur britannique (aussi disponible en Extended Wheelbase). Cette dernière voit sa gamme complétée par la Wraith, un coupé, puis tout récemment par la Dawn, un cabriolet, dernier fleuron en date de la marque et dont nous espérons vous proposer prochainement un essai complet.
L’usine de Goodwood
Intéressante, l’histoire de l’usine l’est aussi, puisqu’à l’époque de sa conception, personne dans la région ne voulait voir s’implémenter une telle construction. Architecte en charge de ce projet, Sir Nicholas Grimshaw fait en sorte d’intégrer les bâtiments dans les paysages de la nature. Etablie dans un trou de verdure entouré de petites collines, l’usine dispose d’un toit végétal. Elle est donc quasiment invisible lorsqu’on est en dehors du site. Le résultat est époustouflant, magnifique et magique. On n’a vraiment pas l’impression d’être en face d’une usine automobile. C’est un véritable havre de paix, calme et charmant, tout à fait à l’image d’une Rolls-Royce en fait.
A l’intérieur, tout semble également paisible. Pour avoir eu l’occasion de visiter plusieurs manufactures de montres, je peux dire que l’ambiance en est très proche, bien plus que dans d’autres usines automobiles. Il faut reconnaitre qu’ici, on ne fabrique pas totalement des voitures, il s’agit plutôt d’assemblage. En effet, les principaux éléments tels que les moteurs, les boites de vitesses, les trains roulants et autres éléments arrivent tous déjà montés. Ils sont alors simplement installés dans les Rolls-Royce qui avancent sereinement sur la chaîne de montage.
Tout comme au sein d’une manufacture horlogère, chez Rolls-Royce, on retrouve des départements dédiés au travail de matériaux nobles. Ici les plus importants sont dédiés au bois et au cuir. C’est tout simplement merveilleux de découvrir quels ouvrages sont réalisés ici, c’est de la haute orfèvrerie. Quelques exemples nous subjuguent, comme la réalisation des ciels de toit illuminés dont j’avais pu profiter lors de mon essai de la Wraith. Nous découvrons aussi le travail du seul peintre qui effectue à la main la ligne qu’on peut retrouver le long des carrosseries. A savoir que ce Monsieur, ce Maitre devrais-je plutôt dire, a plus de 70 ans et qu’enfin, depuis peu, il est accompagné d’un assistant qui pourra prendre la relève un jour.
Conclusion
Aujourd’hui ce sont plus de 1’400 personnes qui travaillent chez Rolls-Royce à Goodwood. Tous sont dévoués à concevoir des produits d’exception, le meilleur du meilleur. Cela sera encore le cas pour de nombreuses années, tant je ne vois pas quel autre constructeur pourrait atteindre un tel niveau de perfection.
Nos remerciements à Rolls-Royce Motor Cars pour l’accueil et surtout à Rolls-Royce Motor Cars Geneva pour avoir organisé cette visite pour Wheels And You.
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