Technique – Cours de perfectionnement à la conduite
Beaucoup de constructeurs proposent à leurs clients, mais pas seulement, la possibilité de suivre des cours de perfectionnement à la conduite. Wheels And You est retourné en salle de théorie et a mouillé sa chemise au volant pour voir ce qu’avait à proposer Mercedes-Benz dans sa formule « Driving Event ».
Texte : Jérôme Marchon / Photos : Mercedes-Benz Schweiz AG, AMG Driving Academy
Depuis des lustres, les constructeurs mettent les petits plats dans les grands pour améliorer la sécurité des véhicules et épargner des vies en cas d’accident. Quitte à en faire trop, tant certaines autos deviennent castratrices lors de l’entrée en fonction des béquilles électroniques, ou alors irritantes avec leurs « bipbip », vibrations et autres témoins qui s’allument pour nous avertir qu’on « n’a pas fait juste »… Mais une rapide observation des comportements sur la route me donnent l’impression que cette abondance d’assistances a tendance à déresponsabiliser le conducteur en reportant la charge de la conduite sur les puces et non l’individu derrière le volant.
Si l’on tire un parallèle avec la pratique d’un instrument de musique ou d’un sport, nous n’hésitons pas à consacrer un paquet d’heures afin de s’entraîner, acquérir des automatismes et s’améliorer. Quid de la conduite automobile ? Est-ce une activité si banale pour qu’à part quelques « allumés » comme moi, peu de monde ou presque n’investit de temps – et de l’argent – dans la manière dont on conduit un véhicule ? Et pourtant l’offre est importante !
Les cours de conduite du permis « 2 phases » sont également un effort louable de la part du législateur, bien que contestés; un récent reportage télé a mis en lumière que finalement les jeunes conducteurs participent « à reculons » à ces étapes pourtant obligatoires et les enseignements tirés sont trop souvent minimisés. Au bout du compte, il semblerait qu’entre l’époque où j’ai passé mon permis, il y a près de 20 ans, et aujourd’hui, le constat soit toujours le même : l’auto-école sert avant tout à passer un examen, répondre aux exigences strictement minimales. La conduite s’apprend toujours une fois le sésame en poche et lorsqu’on est lâché sur la route. Et pourtant ! L’apprentissage de la conduite est bien plus que l’acquisition d’une technique ; c’est apprendre une étiquette, connaître les comportements de son véhicule et savoir les anticiper avec flegme afin d’éviter les problèmes.
Parmi la flopée de constructeurs actifs dans le créneau des cours de conduite (voir la liste en fin d’article), nous avons choisi celui de Mercedes-Benz pour se faire une idée du contenu. Il est déjà à relever qu’aucune des marques ici citées ne fait une promotion très active de cette offre.
L’exemple de Mercedes-Benz
Depuis plusieurs années, Mercedes-Benz propose un catalogue important de cours de conduite (70 pages), allant de la « simple » session de sécurité (freinages, tests dynamiques) d’une demi-journée au road-trip de 6 semaines en 4×4 de Stuttgart à Hanoï en passant par les cours hivernaux sur lacs gelés en Suède…
Nous avons pu prendre part à la session « Driving Event » que la marque organise à plusieurs reprises dans l’année et en différents endroits de Suisse. Faute de circuit digne de ce nom dans notre contrée, ce sont les infrastructures basiques du TCS qui sont utilisées. Aujourd’hui nous nous trouvons à Lignières.
L’assistance, une quarantaine de participants, est principalement composée de clients de la marque ainsi que quelques prospects accompagnés pour la plupart par un ou plusieurs représentants des garages du réseau officiel. Il est vrai que ce genre d’événement est également un excellent outil marketing de prospection et fidélisation de la clientèle.
Ce cours « Driving Event » est la première étape dans le cursus proposé par la marque. Il est possible par la suite de se « spécialiser », soit vers de l’offroad ou alors la conduite sur piste avec les démoniaques AMG allant jusqu’à l’acquisition de la licence de compétition « A » de la Deutscher Motor Sport Bund e.V. (DMSB), donnant accès aux compétitions de course de côte, de karting et en circuit en Allemagne.
Qu’est-ce qu’on y fait ?
Par groupes de 10 personnes, nous nous répartissons en quatre ateliers, chacun sous la responsabilité d’un instructeur issu de l’AMG Driving Academy.
Le premier, la théorie, rappelle les principales bases de physique inhérentes à la conduite, telles que l’adhérence, le transfert des masses, etc. Une brève approche de l’étude des trajectoires est également expliquée de même que le fonctionnement des principaux systèmes électroniques embarqués comme l’ABS et l’ESP. Intéressant de constater que bon nombre de conducteurs ignorent d’une part que leur voiture est équipée de tels systèmes, sans même parler du « à quoi ça sert ».
Pour le deuxième atelier, nous prenons le volant, par groupes de deux. A notre disposition, l’entier de la gamme Mercedes-Benz, allant de la Classe A « basique » au démoniaque G63 AMG. L’idée ? Sur un parcours d’une vingtaine de kilomètres, nous passons tour à tour dans chacun des véhicules afin de se rendre compte des différences énormes qu’il existe entre eux, que ce soit en termes d’encombrement, de puissance ou de comportement.
Nous attaquons ensuite les exercices à proprement parler. Sous la conduite charmante et experte de Cyndie Allemann, nous abordons les exercices de freinage et évitement d’obstacles sur différents revêtements et à bord de différents véhicules. Ici aussi, les comportements varient considérablement, dépendant bien entendu de la vitesse, de la masse du véhicule mais surtout du temps de réaction et la célérité avec laquelle la personne derrière le volant agit dans sa manoeuvre. Cet exercice met particulièrement en exergue à la fois la manière de freiner avec un ABS, mais surtout l’importance du regard ! C’est d’ailleurs ce qui est principalement ressorti du debrief en fin de cours, bon nombre de participants ayant pris – ou repris – conscience de cet aspect essentiel de la conduite et « visiblement » oublié au fil des ans…
Dernière étape, quelques tours sur circuit à cadence progressive, toujours à bord des différents modèles de la gamme. Bien entendu que si les participants ne paient ni l’essence ni les pneus des véhicules d’essai, le but n’est pas non plus de les massacrer ou les pousser dans leurs retranchements. C’est surtout l’occasion de ressentir les transferts de masse et l’action des différents systèmes entrant en action (ESP, ABS, amplificateur de freinage, etc.).
Qu’en penser ?
Alors certes ce type de cours ne vous fait pas passer, d’un jour à l’autre, de conducteur lambda à pilote professionnel. Il permet cependant de rafraîchir certaines connaissances que l’on a tendance parfois à vite oublier, corriger certaines mauvaises habitudes prises au fil des ans comme la position de conduite très souvent inadaptée, le réglage des rétroviseurs ou la manière de tenir le volant en braquant. En outre, il est possible par ce biais de découvrir le comportement d’une auto à la limite ou en en perdant le contrôle dans un cadre parfaitement sécurisé. Car même si l’électronique agit vite et bien, une fois que les barrières de la physique sont franchies, le résultat est le même avec ou sans béquilles. Mais le plus important reste la manière dont l’humain appréhende ce genre de situation et y remédie avec sang froid, chose que la grande majorité des conducteurs n’a jamais expérimenté, ou du moins n’y est pas habituée et qui, comme tout automatisme, doit s’exercer.
Enfin, je me permettrai de conclure par une petite réflexion personnelle. Avec l’entrée en vigueur progressive des nouvelles règles de « Via Sicura » en Suisse depuis le 1er juillet 2013, qui sont en majorité concentrées sur la répression, je me dis que la cible est magistralement manquée… ou du moins que l’objectif de 0 morts sur nos routes, bien que louable, n’a pas été abordé par le bon angle. Ceci pour ne pas dire que la volonté première, moins louable, est de remplir les caisses de notre Etat tout en engorgeant encore plus un appareil judiciaire déjà considérablement surchargé. Même si l’épée de Damoclès qu’a désormais chaque conducteur sur sa tête dès qu’il tourne la clé de contact, la une des journaux relatant l’inculpation de tel chauffard pincé à une vitesse inavouable ou les peines promises par la justice font sensation et devraient agir préventivement. Là aussi ça semble raté…
A mon sens, la manière d’inculquer un comportement passe en premier par l’éducation. Comme dit en préambule de ce papier, le cursus actuellement en vigueur avec le permis 2-phases ne remplit pas ses objectifs, cher pour les candidats à la conduite et considéré comme inutile. Peut-être aurait-il fallu élargir la réflexion autour de Via Sicura en y incluant la formation avec par exemple de vrais cours donnés sur un vrai circuit, un examen pratique comprenant la maîtrise de son véhicule en situation délicate (y.c. les cours sur neige), expérimenter au moyen d’un simulateur un accident, voire faire passer un test de connaissances techniques basiques sur les véhicules, le tout pris en charge par l’Etat. Un problème de financement ? Les millions engrangés par les cantons et les communes au moyen des contrôles de vitesse rentrent pour l’heure dans le compte général du ménage cantonal ou communal, sans avoir une affectation particulière. Et ce n’est qu’un exemple parmi une ribambelle d’autres des inepties de notre politique en matière d’automobile, d’infrastructures et de sécurité routière…
En attendant, je ne peux que vous encourager à vous perfectionner à la conduite. Les quelques centaines de francs que vous y investirez seront très vite rentabilisés par votre quiétude au volant et les connaissances acquises ou rafraîchies vous éviteront probablement de gros désagréments.
Vous trouverez ci-dessous quelques liens qui vous guideront dans votre recherche.
A tout seigneur tout honneur, l’ACS et le TCS sont très actifs dans ce domaine :
ACS : http://www.acs.ch/ch-fr/fahrkurse-sicherheit/index.asp?navid=24
TCS : http://www.tcs.ch/fr/cours/?navid=338868597257
Mais d’autres constructeurs s’y sont mis, avec des cours plus ou moins pointus, à divers budgets, tant en Suisse qu’à l’étranger. En voici un aperçu :
Alfa Romeo : http://www.alfaromeo.ch/ch/#/fr/cours-de-conduite/driving-experience
Aston Martin : http://www.astonmartin.com/events/performance-driving-courses
Audi : http://www.audi.de/de/brand/de/audi-driving-experience-en.html
Bentley : http://events.bentleymotors.com/en/
BMW : http://www.bmw-drivingexperience.com/bmw/COM/bmw_driving_experience_com/en/index.html
GM (Chevrolet, Cadillac) : http://www.springmountainmotorsports.com/
Ferrari : http://store.ferrari.com/events/en/driving-course
Jaguar : http://www.jaguar.co.uk/experience-jaguar/index.html
Lamborghini : http://squadracorse.lamborghini.com/en/accademia/programs/track-accademia/
Land Rover (tout-terrain) : http://www.landrover.com/experiences/land-rover-experience/index.html
Lotus : http://www.lotusdrivingacademy.com/
Maserati : http://www.maserati.com/maserati/en/en/index/maserati-life/Driving-Courses.html
Mercedes-Benz : http://www.mercedes-benz.ch/content/switzerland/mpc/mpc_switzerland_website/fr/home_mpc/passengercars/home/world/drivingevents.html
Mini : http://www.bmw-drivingexperience.com/bmw/COM/bmw_driving_experience_com/en/training-courses/mini-driving-exp.html
Porsche : http://www.porsche.com/swiss/fr/sportsandevents/sportdrivingschools/porschedrivingexperience/school/
Last but not least, il existe également quelques écoles de conduite connues et reconnues pour leur sérieux et leur efficacité, tant pour le perfectionnement sur route que la conduite sportive sur piste :
Stucky Car Sport : http://www.stuckycarsport.ch
ACD Motorsport : http://acd-motorsport.ch/index.html
Camandona Competition : http://www.camandona-competition.com/
Start & Drive : http://lankar.free.fr/startanddrive.html
Bonne route !
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Nos remerciements à Mercedes-Benz Schweiz AG pour l’invitation à ce “Driving Event” à Lignières.