Carnet noir – Décès du Professeur Sid Watkins

Le Professeur Sid Watkins, Délégué médical de la FIA sur les Grands Prix de Formule 1 de 1978 à 2004 s’en est allé rejoindre le 12 septembre, à 84 ans,  ses amis pilotes trop tôt disparus.

Son nom ne vous évoque peut-être rien ou pas grand-chose. Il était un acteur de l’ombre en Formule 1, mais certainement le plus important de tous durant 26 ans.

“Il n’était ni pilote, ni ingénieur, ni concepteur. Il était médecin et il serait probablement juste de dire qu’au cours des années, il a fait plus que quiconque pour que la Formule 1 soit aussi sûre qu’elle l’est aujourd’hui. Ainsi, plusieurs pilotes et ex-pilotes doivent leurs vies à son œuvre attentionnée et experte, dont le résultat est une progression impressionnante de la sécurité que les pilotes d’aujourd’hui prennent peut-être pour acquise.” C’est par ces mots que Ron Dennis a salué la mémoire du Professeur Sid Watkins.

Sid Watkins a été engagé en 1978 par Bernie Ecclestone pour superviser les activités médicales lors des Grands Prix de Formule 1, tout en conservant son poste de neurochirurgien à Londres. L’assistance médicale sur les circuits se résumait à l’époque à une simple tente qui abritait un toubib, quelques soignants et un nécessaire sommaire pour les soins. Après l’accident fatal de Ronnie Peterson lors du premier tour du Grand Prix d’Italie la même année, où le Prof. Watkins dû attendre 18 minutes pour accéder à la victime car la police italienne avait déjà bouclé le périmètre de l’accident en attendant l’arrivée de l’ambulance, il exigea de Bernie Ecclestone la mise à disposition sur chaque Grand Prix d’une voiture médicale, d’un hélicoptère, d’un médecin anesthésiste et d’un matériel de pointe. Ce fut chose faite dès la course suivante aux USA.

Témoin direct des crashes les plus terrifiants en Formule 1, mettant même parfois sa vie en jeu et ayant vu certains pilotes rendre leur dernier souffle dans ses bras, Watkins n’aura eu de cesse, tout au long de sa carrière, de se battre avec acharnement pour améliorer la sécurité sur les circuits, tant pour les pilotes, les mécaniciens que le public. Beaucoup de pilotes encore en activité lui doivent la vie sauve ou une amputation évitée grâce aux soins et techniques de sauvetage qu’il a élaborés. Toutes ces compétences sont aujourd’hui encore reconnues, enseignées et appliquées sur tous les circuits du monde.

Mais Sid Watkins était également apprécié du paddock pour sa qualité d’écoute et de conseil envers les pilotes et patrons d’écuries qui venaient lui confier leurs bobos physiques ou leurs tourments personnels, loin des considérations et “petites histoires” liées à la compétition. La relation qu’il créa avec Ayrton Senna, par exemple et dont il témoigne dans le film consacré au pilote brésilien ainsi que dans son autobiographie, dépassa largement celle de médecin/patient.

Retiré des circuits depuis 2004, Sid Watkins resta engagé au sein de la Fondation “Brain & Spine” en Grande-Bretagne ainsi qu’au sein du “FIA Institute for Motor Sport Safety and Sustainability”.

 

 

 

Crédits photo : D.R., Sutton Images.