Essai – Alfa Romeo Tonale : Mise-t-il tout sur son physique ?
Alfa Romeo étoffe enfin sa gamme qui, après le retrait des Mito et Giulietta, se contentait jusqu’à peu de la Giulia et du Stelvio. Mode oblige, c’est un second SUV qui arrive, plus compact, qui s’appelle Tonale. Un look ravageur avec des motorisations très (trop ?) raisonnables, il est temps pour Wheels And You d’analyser ce qu’il nous propose.
Texte : Sébastien Morand / Photos : Claude-Alain Ferrière, Sébastien Morand
Difficile de ne pas succomber aux charmes d’Alfa Romeo ; pourtant, les vieux principes sont bien ancrés dans la tête des gens et trop peu de personnes envisagent vraiment d’en acheter une. On va donc le répéter une nouvelle fois, la « mauvaise » époque Alfa est totalement terminée, les modèles d’aujourd’hui sont parfaitement comparables au reste de la production automobile. D’ailleurs, en matière de fiabilité, j’ai plusieurs exemples confirmant que les Italiennes sont d’excellent choix alors que certaines marques allemandes tombent très souvent en panne.
Maintenant que cela est dit, revenons sur le dernier né de la marque milanaise, le Tonale.
A l’extérieur
Dès les premières photos, j’avais trouvé le rendu intéressant mais je suis réellement tombé sous le charme lorsque je l’ai vu en vrai. Il y a fort à parier que la teinte « Verde Montreal », en combinaison avec plusieurs détails peints en noir, contribue grandement à la réussite de l’ensemble. Toutefois, même dans les autres couleurs, je trouve que le design est très réussi.
C’est l’avant que je préfère clairement, avec un capot légèrement nervuré qui surplombe des optiques au regard acéré et à la signature lumineuse des plus réussies. C’est musculeux et affirmé, le Tonale affiche véritablement sa prestance et cela malgré une taille plutôt compacte, 4.53 m de long pour 1.84 m de large. Ses dimensions lui permettent de se faufiler partout avec une grande aisance.
Les flancs sont joliment dessinés, avec une ligne de caisse relativement haute et des fenêtres de taille normale. Cela suffit à lui donner un côté athlétique, renforcé par le toit s’abaissant vers l’arrière mais pas trop, lui conservant ainsi son style SUV. J’aime aussi tout particulièrement les jantes 20 pouces de notre modèle d’essai. Même si elles n’arborent pas exactement le dessin classique qu’on trouve historiquement sur les Alfa, elles affirment le style sportif de ce Tonale.
C’est peut-être de trois quarts arrières qu’il me plait un peu moins. Je trouve que l’extrémité du coffre est trop « aspirée » vers l’arrière. J’aurais préféré une poupe plus droite mais cela se voit surtout lorsqu’on tourne autour de la voiture, pas vraiment en photo. C’est évidemment un sentiment personnel car personne ne me l’a fait remarquer pendant mon essai. A l’inverse, la quasi-totalité des commentaires ont été dithyrambiques tant ce Tonale a fait succomber les gens qui l’ont vu. D’ailleurs, lorsqu’on a passé cet angle de vue et qu’on arrive à l’arrière de l’auto, on l’oublie car notre regard est une nouvelle fois attiré par la signature lumineuse. Tout comme à l’avant, le dessin des phares, qu’ils soient allumés ou pas, est superbe.
A l’intérieur
En m’installant à bord de ce Tonale, je suis agréablement surpris par la qualité de présentation et de finition. Les sièges sont légèrement baquet et plutôt confortables, avec un maintien suffisant. J’en aurais aimé un peu plus mais en regard du tempérament de la voiture, c’est correct.
Le tableau de bord conserve une casquette de compteur à double arrondi, comme les anciennes, alors que l’affichage est bien évidemment digital. L’écran central, placé horizontalement, est de bonne taille. Il s’intègre parfaitement alors qu’il est posé sur la console et non pas noyé dans le dessin. Petit bémol pour le matériau qui se trouve devant les yeux du passager, sur le tableau de bord. C’est une plaque grillagée en plastique de couleur aluminium qui manque un peu de raffinement. Elle dispose d’un éclairage intégré et paramétrable à choix qui lui donne une apparence peu qualitative. Enfin, c’est le cas en journée car une fois la nuit tombée, elle s’éclaire et c’est tout de suite plus sympathique.
Rien de particulier à mentionner sur l’infodivertissement, il répond aux attentes d’aujourd’hui avec notamment un Apple CarPlay qui fonctionne sans câble. L’interface est rapide et relativement intuitive. Je constate avec plaisir qu’Alfa Romeo a enfin exploité la totalité de l’écran pour la caméra de recul, c’est un détail qui me choquait sur les Giulia et Stelvio précédemment essayés.
Du fait de sa taille compacte l’espace aux places arrière est contenu mais cela correspond parfaitement au segment du Tonale. Le coffre dispose d’un volume de chargement allant de 500 à 1’550 litres en rabattant la banquette arrière. Pas de quoi s’extasier mais c’est dans la moyenne pour la catégorie de la voiture.
Sous le capot
Totalement sous le charme de sa robe, je suis impatient de découvrir la motorisation qui anime ce Tonale. Je ne m’attends pas à ce que ça me fasse le même effet car déjà sur le papier, ce n’est pas vraiment époustouflant.
Sur notre modèle d’essai, on retrouve un 4 cylindres 1.5 l qui propose 160 ch pour un couple de 240 Nm. Ce même moteur existe avec seulement 130 ch et un couple identique. Dans les deux cas, il est associé à un petit moteur électrique de 15 kW (20ch). Cet ensemble hybride n’est pas plug-in rechargeable et en termes d’agrément, j’ai trouvé que l’ensemble n’est pas vraiment optimum. Ça vient peut-être de la boite Getrag à double-embrayage et 7 rapports qui casse un potentiel caractère moteur. Ce n’est pas évident à expliquer mais le feeling ne passe pas. De plus, c’est très difficile de rouler en électrique exclusivement ; à la moindre sollicitation, le moteur thermique se réactive.
En voyant ce Tonale, j’ai envie que ça ronronne avec du caractère, mais point de cela. Certes, la conjoncture actuelle ne va pas dans ce sens – c’est donc probablement une frustration personnelle – mais pour moi, une Alfa Romeo rime avec passion et cette motorisation ne rend pas honneur à cet ADN typique de la marque italienne.
Pour information, le Tonale est aussi disponible avec un moteur diesel, un 4 cylindres 1.6 l de 130 ch et 320 Nm de couple. Mais dans tous les cas, il s’agit d’une traction (avant) exclusivement, pas de possibilité d’avoir les quatre roues motrices avec ces trois motorisations. Pour ce faire, il faudra opter pour la déclinaison PHEV (Plug-In rechargeable) qui arrivera très prochainement sur nos routes et qui offrira une puissance combinée de 275 ch.
Revenons à notre voiture de test pour parler de consommation. La fiche technique promet 6.5 l/100km en utilisation mixte. Pour ma part, j’ai mesuré une moyenne de 7.84 l/100km. Ce n’est pas vraiment sobre en regard de cette motorisation mais j’avoue avoir appliqué un rythme assez soutenu à mon essai. Pas vraiment logique je le conçois mais dans ces moments-là, j’avais (presque) le sentiment d’avoir une véritable Alfa entre les mains.
Au volant
Vous avez bien compris que je ne suis pas emballé par le moteur de notre Tonale mais je vais faire exception du ressenti moteur pour vous parler de mes impressions au volant.
Avant cela, comme de coutume dans une Alfa récente, on retrouve la sélection de modes DNA. « D » pour Dynamic, « N » pour Normal et « A » pour Advanced Efficiency. Ce dernier mode est à bannir selon moi tant il castre la mécanique alors qu’en Normal, ce n’est pas transcendant non plus. Du coup, je roule presque tout le temps en Dynamic. Cela permet notamment d’expliquer pourquoi j’ai consommé autant, ma confession est faite. C’est aussi dans ce mode que la direction est la moins assistée, mais toujours trop à mon goût.
Maintenant que j’ai ressorti les défauts et que j’ai presque réussi à les assimiler après dix jours à son volant, je peux exposer les qualités de roulage du Tonale. Tout d’abord, il faut relever le confort malgré une suspension plutôt ferme, ce qui n’est pas pour me déplaire. Vu la taille assez compacte pour un SUV, c’est aussi avec une grande facilité qu’on évolue en milieu urbain, ce n’est pas négligeable.
Sur autoroute, une fois lancé à 120 km/h, je constate la bonne isolation phonique et la quiétude qui s’offre à moi. Il est vraiment facile et confortable d’avaler les kilomètres, un véritable atout. Mais je suis surtout impatient de l’emmener sur les petites routes pour découvrir si l’esprit Alfa était bien présent. Comme je le disais précédemment, en appliquant un rythme soutenu, la mécanique propose des performances acceptables. Il faut cependant vivre l’expérience seul à bord, sinon vos passagers risquent d’être passablement secoués. L’amortissement et le comportement routier sont plutôt bons et le Tonale ne prend pas trop de roulis. L’esprit sportif est bien là mais à cause d’une direction trop assistée, le ressenti est faussé. C’est dommage car le fond est bel et bien bon.
Verdict
Je l’avoue, ma passion pour l’automobile n’est plus vraiment en adéquation avec la production actuelle et il est difficile pour moi d’accepter qu’une Alfa Romeo ne soit pas à 100% une voiture passion. A mes yeux, le Tonale manque de tempérament et sa motorisation devrait être plus piquante, comme pourrait l’être une déclinaison Quadrifoglio. Même pas besoin de lui mettre le V6 biturbo, juste le 4 cylindres essence 2.0 turbo qui permettrait, je pense, de combler mes désirs. Messieurs les ingénieurs, j’espère que vous entendrez mon message.
A l’inverse, je suis totalement sous le charme des lignes du Tonale. Il s’agit pour moi de l’un des plus beaux véhicules proposés sur le marché et clairement le plus beau SUV compact. Bravo aux designers, l’esprit de la marque est totalement conservé. En observant le dessin du Tonale, je ne peux m’empêcher d’imaginer une Giulia break, dans l’esprit de la 159, dont je suis sûr qu’elle serait magnifique. Deuxième message aux dirigeants de la marque… Si ça devait arriver un jour, c’est quasiment certain que je craquerai.
Encore un mot sur notre véhicule d’essai : il s’agit de l’édition « Speciale » qui n’est plus proposée au catalogue. Toutefois, elle correspond à la finition haut de gamme « Veloce » avec quelques options, ce qui explique son tarif avoisinant les CHF 60’000.-. En regard de la qualité, il n’y a rien à redire, c’est encore une fois selon moi bien plus intéressant que la concurrence allemande si on désire se différencier.
Prix et options – Alfa Romeo Tonale “Veloce” 1.5 Hybrid 160ch DCT7
Prix de base : CHF 53’300.-
Peinture en trois couches « Verde Montreal » : CHF 2’600.-
Pack Premium : CHF 4’000.-
Prix TOTAL : CHF 59’900.-
Pour partager vos impressions, rendez-vous sur notre page FaceBook.
Nos remerciements à Alfa Romeo Suisse (Astara Ital Switzerland AG) pour le prêt de cet Alfa Romeo Tonale ainsi qu’au garage GSG Racing Concept S.A. à Gingins pour leur soutien logistique.
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