Essai – BYD Atto 2 : Un petit SUV chinois à l’épreuve du marché Suisse

La BYD Atto 2, présentée en février 2024, est vendue sous différentes appellations en Chine (Yuan UP) et dans les autres marchés mondiaux. On la trouve notamment en Amérique du Sud et dans certains pays asiatiques. En Europe, ce modèle est lancé au Salon Automobile de Bruxelles en janvier 2025. En Suisse, le lancement commercial débute. Le réseau de distribution est en construction. Il compte actuellement 13 agences dont 5 en Suisse Romande : Bienne, la Chaux de Fonds, Bevais, Yverdon et Lancy (GE).

  • 1 moteur électrique synchrone
  • 130 kW (177 ch)
  • 290 Nm
  • Transmission à rapport unique
  • Vitesse maxi : 160 km/h
  • 0 à 100 km/h en 7.9 sec.
  • Poids : 1’645 kg
  • Long./larg./haut. (mm): 4’310 x 1’830 x 1’675
  • Conso. mesurée : 16 kWh/100km
  • Emissions CO2 : 0 g/km (A)
  • dès CHF 30’990.-,mod. essayé: CHF 33’990.-


Texte et photos : Jacques-Antoine Dayer


BYD est un conglomérat chinois fondé en 1995 et basé à Shenzhen. D’abord fabricant de composants électroniques, il a racheté et restructuré Xi’an Qinchuan Automobile pour créer la division BYD Automobile. Les premières voitures sortent en 2005. Encouragée par le gouvernement chinois, sa croissance sur le marché intérieur est très importante, avec un focus sur les NEV (New Energy Vehicles), voitures à motorisations hybride ou électrique.

L’expansion en dehors de son pays d’origine débute en 2020, avec un succès démontré par la troisième place mondiale obtenue par le constructeur en 2024, derrière Toyota et le groupe VW. Cette même année, BYD devenait le premier constructeur mondial de véhicules électriques, devançant pour la première fois Tesla.

A l’extérieur

La BYD Atto 2 est un SUV compact de 4.31 m de long par 1.83 de large. Cela le place dans la catégorie des Nissan Juke, Dacia Duster, Honda HR-V ou Peugeot 2008, un segment encore peu fourni en voitures électriques. Ses dimensions le rendent facile à vivre en ville, dans les parkings serrés ou tout endroit à l’espace limité.

Le dessin est classique : un capot avant plat, un toit légèrement plongeant vers l’arrière. Sans fioriture à signaler, il est passe-partout. Le hayon arrière est pratiquement vertical, matérialisant l’aspect pratique de cette voiture. Les feux arrière sont reliés par une bande lumineuse devenue commune sur les véhicules récents. Les jantes alliage de 17 pouces, montées de pneus Hankook, cachent des freins à disque de petite dimension.

A l’intérieur

L’intérieur est basique mais on peut tout de même signaler des sièges revêtus de similicuir, avec des surpiqures de couleur contrastante pour leur donner un aspect plus élégant. L’accoudoir central, les poignées de portes et une partie des panneaux latéraux sont également recouverts de similicuir. Une discrète ligne LED souligne les poignées de portes. Ces éléments exceptés, le plastique à structure grossière règne en maître, y-compris pour les tapis de sol.

En s’installant à bord, l’assise est bonne et le maintien latéral en ligne avec les voitures de ce segment. La place à l’arrière est très généreuse pour deux adultes, tout en maintenant une bonne taille de coffre, 400 litres étant plutôt élevé pour cette catégorie.

Le tableau de bord comprend deux écrans, le premier de 8.8 pouces derrière le volant pour les indications de conduite, le second au centre du tableau de bord pour la gestion du système d’infodivertissement. Sur la déclinaison Boost que nous essayons aujourd’hui, ce dernier, d’une taille de 12.8 pouces, s’oriente en portrait ou en paysage sur pression d’un bouton alors que sur l’entrée de gamme Active, il est fixe et mesure 10.1 pouces de diagonale.

Le volant comprend les classiques réglages du régulateur de vitesse à gauche et du système audio à droite : volume, prise d’appel, microphone et sélection des sources. Sur l’écran principal, le software propose toutes les fonctions courantes. Les menus sont faciles à comprendre mais sont assez touffus, avec de très nombreuses possibilités offertes. La sélection de la marche avant ou arrière s’effectue via un joli levier à facettes sur la console centrale. On y trouve également le bouton de démarrage ainsi que le sélecteur de mode de conduite : Eco, Normal ou Sport.

Sous le capot

L ‘Atto 2 est une traction à motorisation électrique. Le moteur et l’électronique de contrôle sont installés sous le capot avant. La prise de charge est située dans l’aile avant droite. La batterie est classiquement sous le plancher de l’habitacle. La plateforme utilisée pour cette voiture est dénommée e-Platform 3.0.

BYD insiste sur la technologie de batterie “blade” constituée de cellules de grande taille (90 x 9 cm) intégrées non pas dans un pack mais directement dans la structure du châssis. Cette technique, baptisée “Cell-to-Body”, permet de gagner du poids, économise des coûts d’assemblage tout en assurant une bonne rigidité de la structure ainsi qu’une bonne protection des cellules en cas de collision.

Le moteur de l’Atto 2 délivre une puissance de 130 kW (177 ch) et un couple de 290 Nm. Cela lui permet une accélération de 0 à 100 km/h en 7.9 secondes pour une vitesse de pointe de 160 km/h. La batterie Lithium-Fer-Phosphate (LFP) a une capacité de 45.12 kWh offrant une autonomie mixte WLTP annoncée de 312 km. Avec 65 kW, la capacité de charge sur courant continu (DC) est relativement modeste et la recharge de 10% à 80% prend 37 minutes. Le chargeur embarqué (AC) offre une puissance de 11 kW. Une recharge complète sur borne domestique nécessite ainsi un peu plus de 4 heures. Notons encore que l’auto est équipée en série d’une pompe à chaleur pour le chauffage de l’habitacle.

Au volant

Je m’installe à bord et mes premières impressions sont plutôt mitigées : beaucoup de plastique, la petite note de couleur avec les surpiqures me donne l’impression que BYD fait un effort pour égayer un habitacle qui demeure toutefois très gris et noir. Le contraste entre une bonne qualité de construction et des matériaux bon marchés est surprenant.

La mise en marche par bouton on-off et la manipulation du levier de vitesse est tout à fait conventionnelle et rassure dès les premiers mètres. Je suis en mode Eco et le démarrage est plutôt poussif, ce que je corrige en passant en mode Normal. En accélérant à fond dans les virages serrés, on n’a plus de doute : c’est bien une traction, avec des réactions au volant et un train avant ayant du mal à passer au sol le couple pourtant raisonnable.

Une première bonne surprise s’affiche sur l’écran derrière le volant : la consommation sur les premiers 50 km de trajet péri-urbain est correcte, avec une valeur affichée de 15.5 kWh/100km. Pour avoir une meilleure idée de l’autonomie réelle de cette voiture, je m’engage sur autoroute de plaine en roulant à 100 km/h de moyenne. Lorsque je rejoins une station de charge, j’ai effectué 232 km en partant avec une batterie pleine et il me reste 17%. La voiture affiche une consommation de 14.6 kWh/100 km mais le calcul indique 15.14 kWh/100km. Cela reste une valeur de consommation modérée.

Mon expérience pour recharger sur superchargeur (DC) n’est pas concluante. Je rencontre plusieurs problèmes manifestement liés à la voiture qui refuse de libérer le courant de charge. Sinon, la puissance de recharge sous une tension de 400V est vraiment moyenne, on ne dépasse pas les 65 kW annoncés. Dans ces conditions, la recharge de la batterie de 17% à 100% a pris tout juste 1 heure. Je n’ai par contre rencontré aucun problème sur une borne domestique AC de 11 kW. Sur l’ensemble de l’essai, la consommation moyenne mesurée a été de 16.0 kWh/100 km, en prenant en compte une escapade en montagne avec de forts dénivelés. Cela correspond à une autonomie théorique totale de 265 km.

Les inévitables systèmes d’aide à la conduite sont plutôt intrusifs et peu tolérants. Le guidage de ligne sur autoroute place la voiture très proche de la ligne médiane ; c‘est stressant et si on veut forcer l’auto à s’écarter, on est remis à l’ordre de manière très brusque. L’indicateur de dépassement de limitation de vitesse s’avère très imprécis, les vitesses de référence étant régulièrement très largement fausses. J’ai noté par exemple une vitesse limite de 110 km/h en pleine ville de Genève.

J’ai également du mal à correctement régler le système de climatisation. Le mode auto est totalement inutilisable ; sur la position de ventilation minimale, le système souffle beaucoup trop d’air dans les aérateurs. On se retrouve à devoir l’utiliser en mode manuel et à constamment enclencher ou éteindre la soufflerie ou ajuster les aérateurs. Problèmes aussi avec la radio ou le CarPlay qui ne se reconnectent que très épisodiquement au démarrage.

Verdict

Au moment de rendre cette voiture, je me pose la question à qui elle se destine, à qui elle peut faire valoir des qualités indéniables mais également des désagréments. Ma conclusion : cela dépend grandement des attentes qu’on a d’un véhicule. Si on désire un outil de transport peu sophistiqué pour se déplacer d’un point A à un point B, on est dans la cible. Par contre, si on est attaché à une certaine expérience à bord, on est rapidement confronté aux problèmes mentionnés, qui sont probablement le résultat des choix effectués par et pour une population culturellement différente.

Si on est intéressé, le choix est vite fait entre les deux versions proposées : Active pour CHF 30’990.- ou Boost pour CHF 33’990.-, avec quatre couleurs extérieures – blanc, noir, gris ou vert pastel – et deux teintes intérieures – beige ou noir. Tout le reste est de série. La configuration Boost se distingue par un écran plus grand et rotatif, deux haut-parleurs supplémentaires, des sièges et un volant chauffant ainsi qu’un radar de parking à l’avant.

Comme la BYD Atto 2 est vendue dans de nombreux marchés, il est intéressant de comparer sa tarification. En Chine, elle est vendue l’équivalent de CHF 11’500.- alors qu’en France, elle est affichée dès € 24’990 TTC. En Suisse, elle est placée pratiquement au même tarif que les Peugeot E-2008 ou Ford Puma Gen-E, dont nous vous proposerons un essai complet prochainement, qui sont des alternatives intéressantes de constructeurs réputés. L’avenir nous dira si BYD arrivera à se faire une place dans notre marché avec son réseau actuellement en construction. Le prix de l’Atto 2 me paraît cher pour un nouveau venu dont la réputation demeure à construire.

Prix et options – BYD Atto 2 “Boost”

Prix de base : CHF 33’990.-

Prix TOTAL : CHF 33’990.-

Pour partager vos impressions, rendez-vous sur notre page FaceBook.

Nos remerciements à BYD Automotive Switzerland AG, ainsi qu’à l’agence Flowcube Communications AG, pour le prêt de cette BYD Atto 2.

A lire aussi

Premier contact – BYD Atto 2 et BYD Dolphin Surf : Le constructeur chinois lance deux nouveaux modèles en Suisse