Essai – Cadillac Lyriq 600 E4 AWD : A la conquête de l’Europe
Cadillac, la marque de luxe du groupe General Motors, nous présente le concurrent des SUV électriques du segment supérieur en Europe. Il est temps pour Wheels And You de découvrir en détail le Lyriq.
Texte . Julien Cornamusaz / Photos : Jacques-Antoine Dayer, Yann Ueltschi
Il s’agit de la première voiture que General Motors commercialise en Europe dans le cadre de sa nouvelle stratégie sur ce marché. GM Europe prévoit désormais de ne lancer que des véhicules électriques sur le vieux continent, le Lyriq représentant le haut de gamme de son offre initiale. Lancée en Suisse, Cadillac annonce « un projet d’expansion sur cinq marchés supplémentaires en Europe au cours des deux prochaines années, la Suède et la France étant les prochaines étapes ».
Le Cadillac Lyriq est disponible en deux finitions Luxury ou Sport affichées au même tarif. La politique d’options est très limitée en comparaison de la concurrence allemande. Notre version « toute équipée» n’a qu’un peu plus de CHF 6’000.- d’options.
Notons que cette gamme de SUV électriques est agrémentée d’un modèle 7 places full size appelée Vistiq, avec un tarif de base de CHF 108’800.-. Un Optiq, plus petit, va également arriver en Europe.
A l’extérieur
Le Lyriq est une offre grand public mais partage de nombreux éléments de design avec la Celestiq, le concept très haut de gamme présenté en 2022 et lancé récemment aux USA. Toutes deux reprennent des éléments historiques du design Cadillac à l’âge d’or de la marque, dans les années 1950, en les réinventant pour l’ère moderne. La calandre conserve une forme trapézoïdale caractéristique des modèles Cadillac récents mais comme elle ne refroidit plus de moteur, elle se mue en une face avant numérique audacieuse, agrémentée d’un éclairage LED extravagant au démarrage.
On retrouve également des feux en L sur le montant arrière, rappelant les Cadillac des années 1960 et conférant une allure imposante. La carrosserie est celle d’un grand SUV électrique mais conserve un capot relativement long et des flancs à la fois sculptés et épurés.
Garée à côté d’un Escalade, le Lyriq paraît résolument compact. Mais force est de constater qu’il demeure une grande voiture pour le marché européen. Il mesure 5 mètres de long, soit 23 cm de plus qu’une Audi Q6 e-tron, dont nous vous proposerons un essai complet très prochainement. L’empattement s’étire à 3’093 mm, soit 20 cm de plus que celui de l’Audi.
A l’intérieur
Un intérieur luxueux confère au Lyriq une allure haut de gamme. De belles finitions métallisées brillantes se mêlent à du bois à pores ouverts sur les panneaux de porte et la console centrale. Un grand bac de rangement au plancher, entre le conducteur et le passager avant, est bordé d’un bleu vif, apportant une touche de couleur audacieuse. L’absence de moteur thermique contribue à créer un habitacle silencieux mais le Lyriq utilise également une technologie active d’annulation du bruit pour réduire davantage les bruits de la route. L’intérieur est spacieux mais le volume de chargement est moindre que sur d’autres SUV du segment et Cadillac n’a pas intégré de rangement sous le capot avant.
L’écran numérique incurvé de 33 pouces – Cadillac précise qu’il s’agit d’une véritable unité incurvée et non d’unités séparées inclinées – domine le tableau de bord et est bien placé. Il affiche autant les instruments que l’infodivertissement. Le système d’exploitation est globalement élégant et intègre les services Google.
Cet habitacle propose un système audio AKG à 19 haut-parleurs et une quantité appréciable de commandes physiques, comme les commandes de chauffage sous l’écran ou le contrôleur de conduite intégré à la console centrale « flottante ». L’ensemble dégage une impression de luxe. Les boiseries découpées au laser et l’éclairage rétroéclairé créent une ambiance élégante et sophistiquée. L’ensemble est très moderne et épuré. Apple CarPlay, Android Auto et un point d’accès Wi-Fi sont tous de série. Le système d’infodivertissement peut également être contrôlé via une molette sur la console centrale, un atout pour les conducteurs peu friands d’écrans tactiles…
Les sièges moelleux et fins sont confortables et la position de conduite est agréable. Il y a également beaucoup d’espace à l’arrière et un coffre de 588 litres. En revanche, notons l’absence d’affichage tête-haute, même en option, ainsi que du système de conduite autonome de niveau 2. Il existe aux Etats-Unis, je l’ai testé personnellement dans un Cadillac Escalade : il s’agit du système « eyes on, hands off » qui offre la possibilité de ne pas toucher le volant du tout (Super Cruise de GM). C’est assez déconcertant et je suppose qu’il n’est pas homologué en Europe pour l’instant. Affaire à suivre.
Sous le capot
Le Cadillac Lyriq est proposé en Suisse avec une seule version à transmission intégrale bimoteur qui se montre souple et réactive malgré le poids à vide conséquent de 2’774 kg. Cela dit, l’objectif est d’offrir de la douceur et du luxe plutôt que des performances. Cela se reflète dans un silence de conduite remarquable – même pour un véhicule électrique – grâce à la technologie de réduction du bruit déjà citée.
Une palette au volant permet la régénération au freinage : on tire dessus pour avoir du « frein moteur ». Cela dit, le réglage par défaut de la régénération permet une conduite presque « OnePedal », ce qui convient parfaitement au caractère décontracté du véhicule. L’énergie est fournie par une batterie intégrée de 102 kWh nets qui offre une autonomie WLTP mixte de 530 km. La batterie accepte une recharge courant continu jusqu’à 190 kW.
Une déclinaison Lyriq-V a été annoncée juste avant la parution de l’article. Cette version plus sportive offrira 460 kW (615 ch) et 880 Nm de couple, permettant de réaliser le 0 à 100 km/h en seulement 3.3 secondes. Le prix de base est annoncé à CHF 112’771.-, ceontre CHF 85’200.- pour le modèle qui nous intéresse aujourd’hui.
Au volant
La première impression est typiquement dans le cliché de la voiture américaine un peu pataude mais néanmoins confortable. Nous sortons du showroom Cadillac de Zurich pour nous faufiler en ville. Très vite, une impression de sérénité et de facilité se dégage. L’intérieur est somptueux, surtout par rapport au prix affiché. Les cuirs, les boiseries et les commandes donnent vraiment au conducteur une sensation de raffinement.
Dès que nous sortons de la ville, nous testons les deux modes de conduite – Tour et Sport – qui modifient considérablement les sensations de la direction, l’électronique de stabilité et la réponse de l’accélérateur. Par contre, rien au niveau du châssis, le Lyriq n’étant pas équipée d’amortisseurs adaptatifs, ni de suspension pneumatique adaptative. En mode Sport, la direction est trop lourde (artificiellement), ce qui rend le réglage Tour préférable dans toutes les situations.
La tenue de route est plutôt équilibrée. Mais cette Cadillac oblige à travailler dur pour tout type de plaisir dynamique. Au lieu de faciliter les virages, elle les rend plus difficiles, prouvant ainsi qu’il s’agit d’une voiture américaine particulièrement adaptée aux autoroutes. En revanche, on remarque l’excellente élasticité, la souplesse et la poussée exponentielle du propulseur du Lyriq. Les suspensions sont raisonnablement souples – offrant un certain moelleux à basse vitesse – mais pourraient mieux absorber les bosses de taille moyenne. La direction est également légèrement flottante parfois, ce qui contribue à cette impression de confort à l’américaine.
Nous profitons de notre essai pour nous rendre à Paris depuis Lausanne, mixant routes et autoroutes. Le voyage avec ce véhicule est vraiment très agréable. Les contraintes liées aux véhicules électriques s’estompent, avec par exemple des bornes de recharge rapides (300KW) sur toutes les aires d’autoroute le long du parcours. Le freinage régénératif à trois réglages, bien modulé et actionné par une seule pédale, est remarquablement raffiné dans toutes les situations de conduite.
La consommation mesurée s’élève à 23 kWh/100km, ce qui s’avère dans la moyenne haute. Cependant, nous avons parcouru les deux tiers de notre essai de 2’000 km sur autoroute, en bonne partie en France où la limitation de vitesse est de 130 km/h. Et chacun sait que la vitesse constante est l’ennemie des véhicules électriques. Avec 102 kWh nets, l’ autonomie théorique atteint 443 km, ce qui est honorable. Sur autoroute, il faut plutôt tabler sur 350 km, donc dans la pratique une recharge chaque 300 km.
La puissance de recharge est annoncée à 190 kW mais il a été difficile de dépasser 160 kW dans la pratique et comme souvent, la courbe de puissance baisse au fur et à mesure que la batterie charge. Un bon point en revanche pour le chargeur sur courant alternatif embarqué de 22 kW de série.
Une particularité : nous remarquons que les avertisseurs de distance de parking n’émettent aucun son mais vibrent le siège du conducteur. C’est inhabituel mais au moins, les passagers n’ont pas les oreilles qui sifflent.
Verdict
Le Cadillac Lyriq est un véhicule cohérent qui correspond parfaitement à la voiture américaine électrique telle qu’on l’imagine. La qualité d’assemblage et les matériaux intérieurs ont fait de magnifiques progrès et l’intérieur est vraiment très réussi.
Comme pour la Lucid ou les Tesla, il faut constater que certains équipements font défaut par rapport à la concurrence européenne, comme le head-up display, les roues arrière directrices ou les suspensions pneumatiques. La puissance de recharge sur courant continu est également moindre. Cela explique en partie des prix plus avantageux pour ces modèles d’Amérique du Nord.
L’arrivée du Lyriq en Europe ajoute à son attrait. Sa taille est encore juste socialement acceptable pour l’Europe (et ses routes étroites, ses places de parking…) et le souci du détail qui caractérise ce modèle est à prendre au sérieux. Enfin, le prix est vraiment très bien placé, avec une version toute équipée à CHF 91’960.- alors que n’importe quelle concurrente allemande nécessite plusieurs dizaines de milliers de francs supplémentaires.
Prix et options – Cadillac Lyriq 600 E4 AWD “Sport”
Prix de base : CHF 85’200.-
Peinture métallisée « Radiant Red Tintcoat » : CHF 1’950.-
Cuir Nappa Juniper avec éléments de finition « Sky Cool Gray » : CHF 3’000.-
Crochet d’attelage : CHF 1’810.-
Prix TOTAL : CHF 91’960.-
Pour partager vos impressions, rendez-vous sur notre page FaceBook.
Nos remerciements à Cadillac Europe (General Motors Europe) pour le prêt de ce Cadillac Lyriq 600 E4, ainsi qu’au centre Cadillac City Zurich pour leur soutien logistique.
A lire aussi
Essai – Cadillac Escalade : Cé qu’è lainô (celui qui est en haut)
Présentation – Cadillac VISTIQ
Présentation – Cadillac Escala Concept