09 October 2025

L’Ineos Grenadier est un 4×4 à châssis échelle conçu pour un usage intensif sur route et en tout-terrain. Développé par Ineos Automotive, il associe une architecture mécanique traditionnelle – essieux rigides, transmission 4×4 permanente et boîte de transfert – à des motorisations six cylindres en ligne BMW. Produit à Hambach, en France, il se positionne comme un véhicule utilitaire robuste, pensé pour les professionnels, les aventuriers et les environnements exigeants.

  • 6 cylindres, turbo, diesel, 2’993 cm3
  • 249 ch de 3’250 à 4’200 t/min
  • 550 Nm de 1’250 à 3’000 t/min
  • Boîte de vitesses automatique, 8 rap.
  • Vitesse maxi : 160 km/h
  • 0 à 100 km/h : 9.9 sec
  • Poids : 2’700 kg
  • Long./larg./haut. (mm): 4’856 x 1’930 x 2’036
  • Conso. mesurée : 16.21 l/100km
  • Emissions CO2 : 263 g/km (G)
  • dès CHF 76’900.-, mod.essayé: CHF 99’900.-


Texte : Matthieu Giraudier / Photos : Jeremy Pillier, Matthieu Giraudier


Peut-on réellement recréer l’âme d’une légende ? Avec le Grenadier, Ineos s’est fixé une mission audacieuse : ressusciter l’esprit du Land Rover Defender originel, ce 4×4 mythique qui a marqué des générations d’aventuriers et de professionnels.

Dans un monde automobile où la technologie et le confort dictent souvent la loi, la marque britannique mise sur une approche brute et utilitaire, fidèle à l’ADN du tout-terrain pur et dur. Reste à savoir si cette vision ambitieuse parvient à allier héritage et modernité sans trahir l’essence même du modèle qui l’inspire.

A l’extérieur

Dès qu’il se profile, l’Ineos Grenadier capte le regard par son gabarit imposant et son allure statutaire. Sa silhouette haute et droite dégage une présence presque militaire, comme si chaque panneau de carrosserie racontait une mission à accomplir. Ce n’est pas un SUV déguisé en baroudeur : ici, tout respire l’authenticité et la fonction. Jim Ratcliffe, le patron d’Ineos, avait une idée claire – recréer l’âme du Defender originel – et ce design, simple et franc, en est la représentation.

Les volumes sont massifs, globalement carrés mais adoucis par des arêtes arrondies qui courent du capot au bouclier. Ce subtil mélange de rectitude et de douceur visuelle modernise la ligne sans lui faire perdre son ADN utilitaire. Le pare-brise presque vertical et le capot plat, véritables clins d’œil aux 4×4 classiques, accentuent la lecture horizontale tandis que le bouclier avant, massif et volontairement en plastique simple, affiche sa raison d’être : encaisser, protéger, se remplacer facilement. Même la découpe frontale est pensée pour ouvrir le passage lors des franchissements les plus engagés.

Sur les flancs, c’est un festival de fonctionnalités : rails métalliques, points d’ancrage, inserts prêts à recevoir coffres, outils, bidons ou même une roue supplémentaire. En le longeant, on imagine presque les sangles tendues et le matériel fixé pour un départ vers le désert ou la forêt. Les détails ne sont pas oubliés : le nom « Grenadier » embouti sur le capot, des plaquettes signalant son origine, autant de petites touches qui cultivent son identité de baroudeur né.

Le seuil de porte haut confirme sa garde au sol généreuse, tandis que les pneus BF Goodrich, au profil agressif, complètent sa tenue d’explorateur. L’arrière joue la même partition : roue de secours extérieure, échelle métallique pour grimper sur le toit, optiques rondes qui mêlent modernité technique et charme intemporel, garde-boues protecteurs qui élargissent encore sa carrure. Il ne se fond pas dans le décor : le Grenadier se remarque et il l’assume.

Tout n’est pas parfait : certains plastiques durs – coques de rétroviseurs, protections de capot ou parties du bouclier – trahissent une logique de coût au détriment de la qualité perçue. Par contre, la teinte beige « Magic Mushroom », et ce n’est pas une blague, sied à merveille à son rôle.

A l’intérieur

L’habitacle du Grenadier révèle aussi un univers sans fioritures, pensé pour durer. Les matériaux respirent la robustesse : plastiques durs, garnitures simples, surfaces prêtes à affronter la poussière et l’humidité. Quelques touches de cuir avec surpiqûres sur les contre-portes, le volant et certaines parties de la console viennent adoucir l’ensemble, sans pour autant masquer la vocation première : la fonctionnalité. Les assemblages sont solides, les ajustements nets et chaque commande inspire confiance par sa fermeté.

Le poste de conduite surprend par son agencement original. Devant le conducteur, un seul cadran sert de rappel visuel, regroupant les voyants principaux. L’essentiel des informations – vitesse, régime moteur, températures, données de navigation et multimédia – se trouve sur l’écran central. Mais la surprise est au plafond : une rangée d’interrupteurs façon cockpit d’avion, regroupant les commandes des différentiels, des modes tout-terrain, du passage à gué, des assistances électroniques et même de l’éclairage extérieur et intérieur.

Sous l’écran central, une boussole analogique intégrée renforce l’atmosphère d’expédition. Face au passager, une poignée transversale s’ajoute aux poignées latérales et à celle intégrée au pilier A. Partout, on retrouve une logique utilitaire où chaque élément a un but précis. Les rangements sont limités mais pratiques : une boîte à gants modeste, un compartiment central bien agencé et quelques espaces pour petits objets.

Les sièges Recaro en cuir offrent un bon maintien et un confort ferme, avec réglages purement manuels. Deux petites lucarnes de toit, alignées avec les places avant, s’ouvrent pour aérer l’habitacle. A l’arrière, la banquette trois places se rabat en deux parties 1/3 – 2/3. L’espace est correct sans être généreux.

Le coffre est vaste et cubique. Sa double porte arrière intègre dans la plus grande section un support de table rabattable. De multiples points d’ancrage réglables via des rails et une prise 12V complètent l’équipement. Tout respire la praticité et l’esprit d’aventure.

Sous le capot

L’Ineos Grenadier s’appuie sur une base mécanique robuste signée BMW, avec un six cylindres en ligne de 3.0 litres, proposé en essence ou en diesel. Dans les deux cas, il est associé à une boîte automatique ZF à huit rapports et à une transmission intégrale permanente associée à une boîte de transfert Tremec à deux rapports offrant une gamme courte pour le franchissement. Le moteur essence B58 développe 286 ch pour 450 Nm de couple tandis que le bloc diesel B57 délivre 249 ch et un couple généreux de 550 Nm dès les bas régimes.

Notre véhicule d’essai, la version spéciale 1924 en hommage à la marque de vêtements britannique Belstaff, est doté du moteur diesel. Avec son couple disponible très tôt, il combine force tranquille et efficacité en tout-terrain. Capable de tracter jusqu’à 3.5 tonnes, ses trois différentiels avant, central et arrière sont verrouillables, de quoi assurer sur le papier une capacité de franchissement sans faille.

Côté consommation, en usage mixte “régulier” et tout-terrain, le Grenadier affiche 16.21 l/100km, ce qui n’est pas sidérant étant donné qu’un bon quart de mon essai a consisté à naviguer hors du goudron.

Au volant

Avant même de tourner la clé, l’envie de m’évader du macadam était là. Le Grenadier est un véhicule qui inspire l’aventure. Je suis impatient de le confronter à la route et surtout au terrain qui exige plus d’engagement et de maîtrise.

En ville comme sur autoroute, le Grenadier dévoile vite ses limites. Avec ses dimensions généreuses et son rayon de braquage restreint, il n’est pas à l’aise dans la circulation urbaine. Sur autoroute, le constat est similaire : il s’accommode sans mal de quelques dizaines de kilomètres mais les bruits aérodynamiques sont omniprésents. A 120 km/h, le moteur diesel ne force pas mais ce n’est clairement pas son terrain de jeu.

Sur route en revanche, le Grenadier surprend : la suspension filtre efficacement, le roulis est maîtrisé et surtout, la direction étonne par sa précision. Réactive, fine et sans zone morte, elle offre un contrôle inattendu pour un 4×4 de ce gabarit et parvient à conjuguer précision et tolérance. Résultat : sur routes cantonales, le Grenadier se conduit avec aisance et même avec un certain plaisir.

Mais c’est bien sûr en tout-terrain que le Grenadier déploie son génie. Il franchit ornières, rochers et pentes raides sans effort, sans même avoir besoin d’activer la boîte courte. Sa motricité, sa garde au sol et ses angles d’attaque et de fuite en font un franchisseur naturel, capable d’absorber les obstacles avec une désinvolture déconcertante. En verrouillant les trois différentiels et en enclenchant le mode Off-Road, l’expérience devient presque trop facile : le Grenadier transforme des passages exigeants en simples formalités. Avec une capacité de passage à gué allant jusqu’à 80 cm, même les cours d’eau ne l’impressionnent pas.

Ce qui frappe, c’est la sérénité de l’ensemble. On ne subit jamais, on maîtrise. Le Grenadier n’est pas seulement un outil robuste, c’est une véritable machine à explorer, qui donne envie de chercher les obstacles plutôt que de les éviter. Ce n’est pas un simple 4×4, c’est un compagnon d’aventure, un catalyseur d’envies d’ailleurs.

Verdict

L’Ineos Grenadier ne cherche pas à plaire à tout le monde ; il s’adresse à ceux qui veulent un 4×4 authentique, pensé d’abord pour l’usage et l’aventure. Là où beaucoup de modèles se contentent d’évoquer le tout-terrain à coups de marketing, lui le vit pleinement, sans artifice. Et c’est précisément ce qui le rend particulier.

La promesse originelle est respectée : recréer l’esprit du Defender d’autrefois, avec la fiabilité et la rigueur de la modernité. Le pari était immense, il est relevé. Sur route, le Grenadier surprend par son agrément inattendu. Il s’accommode de la ville et de l’autoroute. Mais en dehors des sentiers battus, il se révèle comme une référence.

Le plus marquant reste l’émotion qu’il dégage. Chaque instant au volant génère une envie d’ailleurs, une soif de terrains à défricher, un plaisir brut que peu de véhicules modernes savent encore offrir. Dans un monde saturé de promesses à moitié tenues, le Grenadier est un objet rare : un 4×4 qui fait exactement ce qu’il dit et qui le fait avec éclat.

Prix et options – Ineos Grenadier 1924 “Belstaff Edition”

Prix de base : CHF 99’900.-

Peinture « Magic Mushroom »

Badges spécifiques Belstaff et plaques numérotées « 1 of 1924 »

Logo centenaire Belstaff sur l’entrée d’air latérale

Phoenix Belstaff sur la console de pavillon

Finitions intérieures vert foncé (tableau de bord, console, panneaux de porte)

Sellerie cuir « Black Saddle Leather » (volant, frein à main, poignée passager)

Pavillon intérieur Orbit Grey

Prix TOTAL : CHF 99’900.-

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Nos remerciements à Ineos Automotive Geneva (Pegasus Group SA) à Nyon pour le prêt de cet Ineos Grenadier 1924, ainsi que pour leur soutien logistique.

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