Essai – Leapmotor C10 : Un SUV chinois ambitieux mais encore perfectible

Leapmotor est une entreprise automobile chinoise basée à Hangzhou, dans la province du Zhejiang située au sud-ouest de Shanghai. L’entreprise, fondée en 2015, présente son premier prototype en 2017. Le lancement sur le marché domestique de la première voiture de série, la S01, a lieu en 2019 ; il s’agit d’un petit coupé deux portes à propulsion électrique.

  • 1 moteur électrique
  • 160 kW (218 ch)
  • 320 Nm
  • Transmission à rapport unique
  • Vitesse maxi : 170 km/h
  • 0 à 100 km/h en 7.5 sec.
  • Poids : 2’060 kg
  • Long./larg./haut. (mm): 4’739 x 1’900 x 1’680
  • Conso. mesurée : 19.1 kWh/100km
  • Emissions CO2 : 0 g/km (C)
  • dès CHF 35’900.-,mod. essayé: CHF 37’900.-


Texte et photos : Jacques-Antoine Dayer


Plusieurs modèles suivent, toujours destinés au marché intérieur chinois. En octobre 2023, le groupe Stellantis achète 20% des actions de Leapmotor puis en mai 2024, ce même groupe et l’entreprise chinoise fondent une joint-venture : Leapmotor International, destinée à la commercialisation des voitures en dehors de la Chine. Contrôlée à 51% par Stellantis, cette entreprise débute la commercialisation en Europe avec le C10 en automne 2024. Nous avons une semaine pour découvrir ce modèle et tenter de déterminer ses chances de s’imposer sur notre marché.

A l’extérieur

Ce SUV est un beau bébé, ses dimensions en attestent : 4.74m de long par 1.90m de large et 1.68m de haut. On est dans les dimensions des SUV de taille moyenne, avec toutefois une hauteur 3 à 4 cm supérieure que ce que les constructeurs européens font couramment dans cette catégorie. Malgré sa grande taille, la motorisation située sur l’essieu arrière limite le volume du coffre qui reste relativement petit sans rabattre les sièges : 435 litres, c’est plutôt la taille d’un SUV de la catégorie en-dessous. Un Renault Scenic E-Tech par exemple offre 545 litres pour une longueur pratiquement 30 cm inférieure.

Le dessin du C10 est très classique, avec un capot pratiquement horizontal et un toit légèrement incliné vers l’arrière. Les angles sont bien arrondis pour donner un aspect plus doux à une auto dont l’aspect pratique ressort clairement. Notre voiture est équipée de jantes de 20 pouces ; son esthétique serait améliorée par des jantes de plus grand diamètre mais le choix est raisonnable pour un véhicule de cette catégorie de prix.

On constate également que les portières arrière sont plus larges que les portes avant. La taille du coffre mentionnée ci-dessus assure de la place aux passagers arrière. Sans doute un aspect culturel ; les voitures européennes tendent à privilégier le coffre au détriment de la banquette arrière alors que Leapmotor fait le contraire.

A l’intérieur

Je m’installe au volant et remarque immédiatement une certaine familiarité dans le design du tableau de bord ; Tesla semble clairement la source d’inspiration. Le volant dispose exactement des mêmes roulettes inclinables. Derrière celui-ci, il y a deux comodos « standards » et un écran pour les indications de conduite.

Au centre de la planche de bord, un grand écran de 14.6 pouces haute définition, en format paysage, offre tous les réglages de la voiture. Il dispose d’une bande inférieure toujours visible pour les accès rapides aux réglages de la climatisation, de la sélection des sources de musique ou du GPS. Je note également l’absence de buses d’aération ; le flux d’air sort d’un interstice bien intégré sous le haut du tableau de bord. Je trouve ce système peu efficace, j’aurais apprécié une puissance de climatisation supérieure lors de journées estivales mais pas caniculaires.

Les sièges et le volant sont recouverts de similicuir. L’ambiance intérieure est agréable et confortable. Des réglages électriques permettent d’ajuster la position de conduite à son goût. Notre C10 de test ne possède pas les fonctionnalités sans fil CarPlay ou Android Auto ; un appareil connecté sur l’un des ports USB remplace cette fonctionnalité mais elle n’est pas intégrée dans le software de l’infodivertissement. On me dit qu’elle arrivera bientôt en standard.

Sous le capot

Le Leapmotor C10 est donc un SUV à propulsion électrique. Son moteur, installé sur l’essieu arrière, développe 160 kW (218 ch) et un couple maximum de 320 Nm. Pour le moment, seule la version à 2 roues motrices est disponible alors qu’une version 4×4 vient compléter la gamme depuis septembre.

La batterie, disposée sous le plancher, a une capacité brute de 69.9 kWh sous une tension de 400V. La recharge se fait via une prise sur le passage de roue arrière gauche. En courant continu, Leapmotor annonce une recharge de 30% à 80% en 30 minutes, ce qui est moyen. Pour la recharge à domicile en courant alternatif, notre voiture ne dispose pas d’un chargeur triphasé. Avec une chargeur 3.7 kW, la recharge est donc très lente : il faut compter plus de 18 heures pour une charge de 35% à 100%. Là aussi, un chargeur embarqué triphasé sera bientôt disponible.

Le poids à vide annoncé avec conducteur est de 2’060 kg, ce qui permet des performances correctes : un 0 à 100 km/h en 7.5 secondes et une vitesse maximale de 170 km/h. La consommation annoncée selon protocole mixte WLTP est de 19.8 kWh/100 km, ce qui donne une autonomie totale théorique de 420 km.

Au volant

Pour déverrouiller le C10, il faut poser la carte à puce servant de clé sur le lecteur installé dans le rétroviseur côté chauffeur puis, pour la démarrer, poser cette carte sur le pad de charge pour smartphone situé sur la colonne centrale. Une fois la voiture en marche, on peut le libérer pour y poser son smartphone. Ces opérations sont fastidieuses mais devraient pouvoir être simplifiées en utilisant l’application smartphone de l’auto. Détail inhabituel, il n’y a pas de bouton pour éteindre la voiture ; il faut sélectionner la position Parc et quitter le véhicule.

A rouler, le C10 s’avère confortable, silencieux et démontre un comportement de voiture électrique classique avec centre de gravité abaissé. Le C10 fait preuve de bonnes relances et accélère convenablement. La consommation est plutôt une bonne surprise : nous mesurons 19.1 kWh/100 km sur l’ensemble de l’essai, une moyenne inférieure à celle promise. Trois modes de conduite sont disponibles : Eco, Normal, Sport, avec chacun un niveau de régénération différent au levé de la pédale d’accélérateur.

Cependant, l’expérience de conduite est péjorée par un software de bord que je qualifierais de peu raffiné. Les aides à la conduite sont très intrusives, j’ai subi plusieurs freinages d’urgence sans raison, dont un particulièrement agressif. Le suivi de ligne peut être très intense et je suppose qu’il dépend de la largeur de la route. Sur certains tronçons, on se bat littéralement contre sa voiture qui impose de rouler proche de la ligne médiane.

Si on désire désactiver ces aides à la conduite, plusieurs opérations dans différents menus sont nécessaires, c’est peu pratique. Et le pire, c’est que lorsqu’on déclenche le suivi de ligne, il revient intempestivement pour quelques kilomètres puis repart sans autre intervention. J’ai aussi noté les très nombreux signaux sonores ding, dong, ding-dong, ding-ding, la plupart du temps sans raison explicite. Tout cela rend l’expérience de conduite peu attrayante.

De plus, la reconnaissance des panneaux de limitation de vitesse est très perfectible, la pire qu’il m’a été donnée d’essayer jusqu’à présent. Point positif tout de même, la qualité de l’installation audio est très bonne. Mais l’antenne de la radio DAB+ est vraiment perfectible, avec des coupures de transmission fréquentes.

Verdict

Vous l’aurez compris, ce Leapmotor C10 est une bonne voiture en prenant en compte son système de propulsion et son châssis. Je le trouve très proche des véhicules du groupe Volkswagen avec la plateforme MEB, la même que celles de la VW ID.4 ou de la Skoda Enyaq. Le C10 se démarque de ses concurrents germaniques par une consommation un peu plus faible mais aussi un système de charge moins performant.

Le software – en tout cas sur notre voiture de test – n’est pas à la hauteur de mes attentes. Il est faillible sur beaucoup d’aspects et donne l’impression d’être une version beta pas encore prête à la commercialisation. Le représentant Leapmotor me précise que notre C10 est l’un des premiers arrivés sur notre marché et que les modèles commandés sont plus aboutis. Il faudra clairement le vérifier en cas d’intérêt pour un achat.

Le constructeur chinois met en avant que l’ancrage au groupe Stellantis est un facteur de tranquillité. Il reste toutefois à démontrer que la fiabilité générale soit au rendez-vous. Cette marque est jeune et l’historique inexistant sous nos contrées.

Comme attendu pour une voiture provenant de l’Empire du Milieu, son prix est très attractif. Le prix de base en Suisse est de CHF 35’900.- ou CHF 369.- par mois en leasing. C’est pratiquement CHF 10’000.- de moins que ce qu’on trouve de comparable sur le marché, Tesla Model Y, Peugeot 3008, Ford Explorer ou VW ID.4.

Prix et options – Leapmotor C10 Design

Prix de base : CHF 37’900.-

Prix TOTAL : CHF 37’900.-

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Nos remerciements à Leapmotor Switzerland pour pour le prêt de ce Leapmotor C10, ainsi qu’au garage Emil Frey SA à Crissier pour leur soutien logistique.

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