Evènement – Le Mans Classic 2025 : La 12ème édition, la dernière dans ce format

Organisé tous les deux ans par Peter Auto depuis 2002, Le Mans Classic vient de clôturer sa douzième édition. Elle s’est déroulée du 3 au 6 juillet avec un public de passionnés toujours prêts à faire des centaines de kilomètres pour vivre quatre jours de folie. Au fil du temps, Le Mans Classic est devenu l’un des rendez-vous majeurs de la scène mondiale des voitures de collection issues de l’endurance. Les plus belles automobiles de l’histoire de l’endurance s’affrontent ainsi sur la mythique piste sarthoise, regroupées en différent plateaux selon leur époque. Fidèle à l’événement, Wheels And You y était. Retour sur cette édition 2025.


Texte et photos : Xavier Bais


Le Mans Classic, c’est tout une ambiance typée « retour vers le passé ». On y vient pour voir des voitures ayant fait les 24 Heures du Mans dans notre jeunesse mais aussi pour l’ambiance qui y règne, notamment au sein des différents campings et du grand village. Ce dernier regroupe plus de 100 professionnels qui exposent des pièces, des accessoires pour véhicules anciens, des vêtements, de la maroquinerie et des équipements fleurant bon les années 80, époque où les chinoiseries n’existaient pas encore. On peut aussi y trouver des livres, des affiches, des miniatures et autres objets de collection sur le thème des 24 Heures du Mans ; un lieu incontournable, avec des personnages hauts en couleur et souvent en tenues d’époque. Une belle ambiance rétro où tout est réuni pour vous faire voyager dans le temps et pour dénicher la perle rare, échanger entres passionnés ou simplement flâner entre deux plateaux !

Dès 9h00 le jeudi 3 juillet, les paddocks et le village sont ouverts au public. A l’ouverture, il y règne une atmosphère particulière alors que chacun termine une mise en place dans une effervescence digne d’une fourmilière. Bénévoles, organisateurs, pilotes, mécanos, clubs et campeurs s’installent pour quatre jours. L’excitation monte progressivement et la journée se passe à peaufiner les réglages.

Dès 19 heures, le village se vide. Juste le temps de repérer les nombreuses expositions éparpillées ici ou là. Il y a l’exposition « Legends of Le Mans » regroupant des voitures ayant marqué leur passage aux 24 Heures, comme les Peugeot 908 V12, Audi R10 TDI, Ferrari 458, Pescarolo 01. Etait également présentés un hommage à Caroll Shelby et de nombreuses et belles Alpines ayant fait le déplacement pour fêter les 70 ans de la marque. Ou encore la Fédération Française des Véhicules d’Epoque, des camions publicitaires du Tour de France, des voitures ayant fait le Dakar, une exposition de modèles mythiques tels que Porsche, McLaren, Ferrari, BMW, Lotus, Ligier, Facel Vega, Alfa Romeo, Bentley, Jaguar, le carrossier Zagato, Skoda. Il y a même une petite exposition de 24 motos d’endurance, avec notamment des Jawa, Yamaha, Suzuki ex-Agostini, Honda, KTM, Ducati… L’unique question est : comment tout voir ?

Et c’est sans compter les nombreux spectateurs dans les campings, venus avec des caravanes vintages colorées des années 70/80 et des combis VW, coupés Karman ou autres « Coccinelles ». Ces petits campements avec auvents colorés et fleuris nous font remonter d’un demi-siècle. C’est un spectacle à eux seuls et s’arrêter pour échanger avec ces passionnés est un pur bonheur.

Vendredi 4 juillet : journée de test avec des sessions d’essais par plateau.

Dès l’aube, tout le monde est prêt. Il fait plus frais dans les paddocks et il est agréable de s’y promener avant l’effervescence. Comme chaque année, les différents plateaux regorgent de voitures, chacune avec une histoire vécue au Mans. C’est assez émouvant de remonter dans le passé. Les odeurs d’huile et de mécaniques chaudes commençaient à me manquer. J’aime bien me promener en prégrille. C’est encore mieux que dans les paddocks car on sent la pression monter et on découvre non seulement les voitures mais aussi leurs pilotes en pleine concentration.

Les plateaux se succèdent et les drapeaux rouge et jaune aussi. Mais quel spectacle ! Quel que soit le plateau, il y a de l’excitation et du plaisir en chaque pilote, en chaque mécanicien, en chaque spectateur.

18h35 : c’est les essais qualificatifs pour le Groupe C Racing. C’est un moment fort. Quand les voitures passent groupées sur la ligne droite des stands, la terre semble trembler sous mes pieds et le grondement me glace les chaires. David Hart sur sa Lola T92 s’impose avec une certaine facilité même si au Mans, rien n’est facile. La preuve : il arrive proche de la ligne d’arrivée avec 30 secondes d’avance sur son poursuivant et s’arrête pourtant peu avant la ligne. Le public se lève, se demandant ce qui lui arrive. Cinq longues secondes à attendre la fin du temps réglementaire et il repart pour terminer 1er. La vraie frayeur viendra de Magnussen perdant sa roue arrière droite mal serrée. Mais il s’en sortira.

Au village, les animations comme l’impressionnant mur de la mort, les démonstrations de saut à motocross ou de danses vintages battent leur plein et il faudrait pouvoir se dédoubler pour tout voir. 22h, la nuit tombe. Quoi de plus magique qu’un soleil rasant la piste dans la chicane Dunlop après une chaude journée ? Ce vendredi soir, j’ai le choix entre rester en bord de piste à Mulsanne, aller à Arnage et profiter un maximum des flammes sortant de certains échappements et des disques rougissant de chaleur ou aller faire la fête au village entre bières et concerts. Du “bon son” proposé les vendredi et samedi par six artistes incontournables de la scène disco-électro dont Cerrone, Synapson et Kavinsky. La fête continue souvent tard dans la nuit pour ceux et celles qui dorment dans les campings.

Samedi 5 juillet : première journée de course, la grosse journée.

L’excitation est à son comble. Dès 8h00 et durant une heure, ce sont les parades des marques. Les clubs profitent ainsi de la piste. Lotus, Porsche, quelques Ferrari mais moins qu’avant, Lamborghini, BMW peuvent rouler sur la piste mythique et leurs conducteurs pousser leurs voitures un peu plus que d’habitude. 9h15, les choses sérieuses commencent avec l’Endurance Racing Legends où les GT côtoient les protos dans une course relativement serrée, offrant un beau spectacle et du travail pour les mécanos. 10h15, encore des Porsche dans une petite parade qui annonce la « Porsche Classic Race Le Mans ». Cette course me comble mais une bagarre agitée entre 935 et 917 se termine derrière une voiture de sécurité, puis par un drapeau rouge.

C’est midi mais pas question de manger. Le Groupe C Racing s’élance. C’est la course qui me fait le plus vibrer. C’est beau à vivre et difficile à raconter. Puis vient une parade Ferrari avant le « Little Big Le Mans ». C’est l’évènement dans l’évènement. Une course unique en son genre où près de 200 enfants de 7 à 12 ans prennent un départ type « Le Mans » au volant de magnifiques mini-bolides, répliques exactes des voitures du Mans. Cette année, je remarque beaucoup de jeunes filles, une tendance peut-être pour le futur. Mais que de joies et de rires avec, en cortège pour ouvrir la piste, la Gendarmerie Nationale des années 80. Le public apprécie.

Puis viennent les baptêmes de piste permettant à certaines personnes du public de découvrir le circuit avant que le plateau 4 ne s’installe pour un départ style Le Mans. Mais avant, une nouveauté : une séance de grid walk. Le public peut remonter la grille pendant une heure pour découvrir les voitures de plus près. J’avoue que c’est sympa à vivre mais cela a dû être long pour ceux qui attendaient tout au long de la piste. Il est 16h, c’est parti. C’est Felipe Massa, le starter de cette édition, qui abaisse le drapeau tricolore. Les pilotes se prennent au jeu et courent vers leurs voitures. C’est spectaculaire même si c’est pour le fun, le vrai départ étant donné plus loin après avoir remis tout le monde dans l’ordre pour un départ lancé.

Le Plateau 4, un de mes préférés, nous offre de belles batailles entre la GT40 rouge de Lynn, la bleue et jaune du belge Breittmayer, la Bizzarrini et les Shelby cobra. Magnifique ! Saluons la performance des suisses Benjamin Monnay et Charles Firmenich sur Shelby Cobra 289, qui terminent 2èmes au général de ce plateau.

Avec la chaleur, pilotes et voitures souffrent en prégrille et sur la piste. Pas de « faux » départ type Le Mans pour le plateau 5 puisque ce plateau couvre les années 66 à 71 et que ce type de départ a été aboli en 1970. Départ lancé donc, avec déjà des frayeurs dans la chicane Dunlop. Bagarres, sorties de piste, les pilotes ne lâchent rien. Bataille entre Ferrari et Lola arbitrée par Porsche. Mais à la suite d’une sortie de piste, la Safety Car casse le rythme et la course.

La nuit tombe avec le plateau 3 mais sans la magie de la veille car il pleut et ça glisse. Les plateaux 5, 6, 1, 2 et 3 se succèdent toute la nuit, offrant du spectacle aux plus courageux.

Dimanche 6 juillet, le dernier jour. La pluie est toujours de la partie.

A 5h50, ceux qui dorment sont réveillés par le groupe C. Mais quel réveil ! Les plateaux 4, 5, 6, 1, 2 et 3 se succèdent pour les dernières sessions jusqu’à 15 heures, interrompues à 9h45 par une parade de BMW modernes qui, pour moi, n’ont rien à faire dans cet évènement. 11 heures, c’est la remise de prix pour les petits du Little Big Le Mans. 15h15, on termine avec la dernière course : l’Endurance Racing Legends. Avec la casse de la veille, il y a moins de monde en piste. La fatigue commence aussi à se faire ressentir. 17 heures : fermeture de la piste. Certains sont déçus, d’autres heureux. C’est aussi ça Le Mans Classic.

Clap de fin pour Le Mans Classic 2025 placé sous le signe de la passion des 24 Heures du Mans et des véhicules anciens. Un week-end qui a vu défiler 238’000 spectateurs venus contempler une partie de l’histoire du sport automobile, représentée par près de 900 pilotes et plus de 750 voitures dont les plus anciennes ont plus d’un siècle. Ce fut aussi plus de 9’000 modèles d’exception, toutes marques confondues, exposés dans l’enceinte du circuit.

Lors de la conférence de presse du jeudi 3 juillet, Pierre Fillon, Président de l’Automobile Club de l’Ouest, et Marc Ouayoun, Directeur Général de Peter Auto, annonçaient du changement : Le Mans Classic deviendra annuel dès 2026, avec deux formats alternés :
– Le Mans Classic Heritage (1923-1975) : une immersion dans l’âge d’or de l’endurance, avec des plateaux mythiques et une atmosphère résolument vintage,
– Le Mans Classic Legend (1976-2015) : une réunion des prototypes et GT qui ont écrit l’histoire contemporaine des 24 Heures du Mans.
Ainsi, les LMP1, LMP2 et GT des années 2006 à 2015 retrouverons la piste, de quoi ravir tous ceux qui désirent les revoir.

J’ai cependant le sentiment que c’est un peu la mort de l’esprit du Mans Classic. Déjà cette saison, les belles années où barrières et contrôles étaient moindres et où on avait le sentiment de retrouver la liberté des années 70, c’était du passé. A trop fliquer les spectateurs, à augmenter les prix au point de décourager les familles, on risque de tuer l’esprit initial et la passion.

Les deux formules du nouveau format sont complémentaires et attrayantes même si personnellement, seuls les premiers plateaux du « Legend » m’intéressent. L’avenir nous dira ce qu’il en sera. Quoiqu’il en soit, le rendez-vous du 2 au 5 juillet 2026 est pris pour Wheels And You afin de découvrir Le Mans Classic Legend.

Pour les passionnés, voici les résultats des 5 premiers de chaque plateau. Cela donne une idée des temps selon les années et le type de voiture :

Plateau 1 : 1923 / 1939
1. Martin Halusa / Alexander Ames, Alfa Romeo 8C 2300 MM Spider Zagato (1932), 1h 29’ 39.465’’ (7 tours)
2. Fritz Burkard, Alfa Romeo 8C 2300 LM (1931), 1h 29’ 50.693’’ (7 tours)
3. Alex Van Der Lof / Shirley Van Der Lof, Delahaye 135 S (1935), 1h 29’ 53.176’’ (7 tours)
4. Volker Hichert, Delage D6S-3L (1939), 1h 31’ 42.702’’ (7 tours)
5. Alan Middleton / Robert Blakemore, Aston Martin Speed Model (1936), 1h 32’ 44.342’’ (7 tours)

Plateau 2 : 1949 / 1956
1. Nigel Webb / Chris Ward, Jaguar C-Type (1952), 2h 17’ 14.973’’ (8 tours)
2. Felix Godard / Christian Godard, Cooper T39 (1955), 2h 18’ 48.628’’ (8 tours)
3. Hans Kleissl / Yevgen Sokolovskiy, Mercedes-Benz 300 SL (1956), 2h 20’ 11.342’’ (8 tours)
4. Mathias Sielecki / Carlos Sielecki, Aston Martin DB3S (1955), 2h 20’ 24.515’’ (8 tours)
5. Nicolas Bert, Jaguar C-Type (1952), 2h 21’ 15.820’’ (8 tours)

Plateau 3 : 1957 / 1961
1. Diego Meier / Remo Lips, Ferrari 250 GT SWB (1961), 2h 19’ 50.360’’ (8 tours)
2. Guillermo Fierro Eleta, Maserati Tipo 61 Birdcage (1960), 2h 19’ 56.849’’ (8 tours)
3. Thomas Alexander / James Alexander, Aston Martin DB4 GT (1961), 2h 19’ 59.349’’ (8 tours)
4. Karsten Le Blanc / Christiaen Van Lanschot, Austin-Healey 3000 Mk I (1960), 2h 21’ 03.089’’ (8 tours)
5. Andy Wallace, Jaguar D-Type (1955), 2h 22’ 11.868’’ (8 tours)

Plateau 4 : 1962 / 1965
1. Emile Breittmayer, Ford GT40 (1965), 2h 05’ 03.550’’ (10 tours)
2. Benjamin Monnay, Shelby Cobra 289 (1964), 2h 10’ 24.896’’ (10 tours)
3. Alex Van Der Lof / Yelmer Buurman, Ferrari 250 LM (1965), 2h 10’ 46.373’’ (10 tours)
4. Jean-François Decaux, Ford GT40 (1965), 2h 11’ 44.961’’ (10 tours)
5. Lee Mowle / Phil Keen, Jaguar E-Type 3.8 (1965), 2h 12’ 16.142’’ (10 tours)

Plateau 5 : 1966 / 1971
1. Niklas Halusa, Ferrari 512 M (1971), 1h 26’ 36.748’’ (9 tours)
2. Jan Magnussen / Chris Ward, Lola T70 Mk.3B GT (1969), 1h 26’ 39.215’’ (9 tours)
3. Charlie Hyett, Chevron B19 (1971), 1h 27’ 41.618’’ (9 tours)
4. Nelson / Christian Vaglio-Giors, Chevron B19 (1971), 1h 28’ 56.545’’ (9 tours)
5. Alexander Brundle / Gary Pearson, Ford GT40 (1965), 1h 29’ 16.982’’ (9 tours)

Plateau 6 : 1972 / 1981
1. Maxime Guenat, Lola T286 (1979), 1h 32’ 03.483’’ (11 tours)
2. Ross Hyett / Charlie Hyett, Chevron B31 (1975), 1h 36’ 20.279’’ (11 tours)
3. Tony Sinclair / Nick Padmore, Lola T292 (1973), 1h 36’ 34.277’’ (11 tours)
4. Albert Weinzierl, BMW M1 Gr.5 (1979), 1h 37’ 07.239’’ (11 tours)
5. Lukas Halusa, BMW 3.0 CSL (1975), 1h 37’ 55.165’’ (11 tours)

Groupe C Racing – Course 1
1. Maxime Guenat, Peugeot 905 Evo 1 Bis (1993), 45’ 25.842’’ (11 tours)
2. David Hart / Olivier Hart, Lola T92/10 (1992), 45’ 33.453’’ (11 tours)
3. Ivan Vercoutere / Ralf Kelleners, Porsche 962 C (1990), 45’ 37.879’’ (11 tours)
4. Lukas Halusa, Porsche 962 C (1992), 45’ 41.960’’ (11 tours)
5. Xavier Micheron, Nissan R90CP (1990), 47’ 53.855’’ (11 tours)

Groupe C Racing – Sprint (30 min)
1. Ivan Vercoutere / Ralf Kelleners, Porsche 962 C (1990), 16’ 19.162’’ (3 tours)
2. Philip Kadoorie, Porsche 962 C (1990), 16’ 21.769’’ (3 tours)
3. Lukas Halusa, Porsche 962 C (1992), 16’ 56.539’’ (3 tours)
4. Klaus Abbelen, Porsche 962 C (1991), 17’ 07.896’’ (3 tours)
5. Olivier Galant, Nissan R90CK (1990), 17’ 15.925’’ (3 tours)

Endurance Racing Legends – Course 1
1. Maxwell Lynn, Bentley Speed 8 (2003), 48’ 22.153’’ (9 tours)
2. Emmanuel Collard, Pescarolo C60 (2005), 49’ 13.668’’ (9 tours)
3. Niklas Halusa, Audi R8 LMP (2000), 49’ 23.836’’ (9 tours)
4. Max Chilton, Zytek 04S (2004), 49’ 37.422’’ (9 tours)
5. Olivier Galant, Panoz LMP-1 Roadster S (1999), 49’ 47.526’’ (9 tours)

Endurance Racing Legends – Sprint (30 min)
1. Max Chilton, Zytek 04S (2004), 35’ 25.627’’ (7 tours)
2. Emmanuel Collard, Pescarolo C60 (2005), 35’ 31.024’’ (7 tours)
3. Ivan Vercoutere / Alex Müller, Dome S101 (2001), 35’ 51.688’’ (7 tours)
4. Gregor Fisken, Dallara SP1 (2002), 36’ 40.725’’ (7 tours)
5. Felipe Ortiz / Nico Verdonck, Dome S101 (2002), 37’ 28.740’’ (7 tours)