Essai – Peugeot E-5008 : Un vrai couteau suisse mais sans la lame Sport

02 April 2025

Annoncé début 2024 et officiellement commercialisé depuis le 30 mai de la même année, le Peugeot 5008 marque un tournant dans l’histoire du SUV familial de la marque au lion. La troisième génération propose une déclinaison entièrement électrique, le E-5008 dont nous prenons le volant aujourd’hui. Assemblé en France, Peugeot entend bien lui développer un statut de référence face à une concurrence électrique en plein essor.

1 Moteur électrique
157 kW (210 ch)
345 Nm
Boîte de vitesse à rapport unique
Vitesse maxi : 170 km/h
0 à 100 km/h en 9.7 sec.
Poids : 2’218 kg
Long./larg./haut. (mm): 4’791 x 1’934 x 1’694
Conso. mesurée : 16.2 kWh/100km
Emissions CO₂ : 0 g/km (A)
dès CHF 48’300.-, mod. essayé : CHF 63’200.-

Texte et photos : Matthieu Giraudier

Avec le E-5008, Peugeot s’attaque frontalement au segment des grands SUV électriques. Un défi de taille dans un marché en pleine mutation où l’offre se multiplie et les attentes des consommateurs évoluent rapidement.

Ce modèle, qui hérite du savoir-faire de la marque en matière de mobilité électrique, a-t-il les arguments pour séduire ? Promesse d’un SUV statutaire ou simple alternative électrifiée ? Notre avis ci-dessous.

A l’extérieur

Peugeot poursuit son évolution stylistique avec le nouveau modèle 5008, affichant un design plus contemporain que ses prédécesseurs. Le constructeur joue ici sur des lignes tendues et acérées pour une silhouette plus affirmée.

Dès le premier regard, la face avant interpelle. La calandre échancrée confère une prestance indéniable à l’ensemble. La signature lumineuse, héritière du motif à trois griffes, accentue le caractère félin du véhicule, un élément identitaire de la marque. Je regrette toutefois l’absence d’un design distinctif propre aux modèles électriques avec le maintien d’éléments rappelant encore les versions thermiques, comme les grilles d’aération latérales.

Le profil du véhicule se veut plus sobre, jouant sur une dualité entre la carrosserie et les inserts noir laqué comme les arches de roues ou les jupes latérales. Les jantes, au dessin travaillé, alternent habilement chrome et noir laqué. Leur diamètre de 20 pouces s’accorde parfaitement au gabarit du véhicule.

A l’arrière, l’imposante verticalité du design se conjugue avec des arêtes saillantes, encadrant la signature lumineuse et affirmant la posture du véhicule. Ce langage stylistique plus structuré tranche avec les rondeurs d’antan tout en préservant l’ADN visuel propre à Peugeot. Néanmoins, certains choix étonnent, comme l’absence de poignées affleurantes, de plus en plus répandues sur les modèles électriques de ce segment.

A l’intérieur

En découvrant l’intérieur, il est clair que l’E-5008 vise avant tout les familles. L’espace y est globalement bien pensé mais l’habitabilité pas aussi exceptionnelle que ce que les dimensions du véhicule pourraient laisser augurer.

Ses atouts principaux résident dans ses sept places et le volume généreux du coffre une fois la troisième rangée de sièges rabattue. Cette dernière est avant tout conçue pour des enfants. Deux adultes pourront certes y prendre place mais pour un trajet court uniquement. A l’arrière, l’espace aux jambes est correct mais c’est la hauteur sous plafond qui est limitée. D’un gabarit standard, ma tête frôle immédiatement le pavillon. La modularité des sièges est en revanche un vrai point fort : les deuxième et troisième rangées se manipulent avec une facilité déconcertante, que ce soit pour les rabattre ou pour permettre l’accès aux places du fond.

Notre modèle d’essai est doté d’une sellerie cuir bien finie, qui contraste un peu trop avec les plastiques utilisés sur les contreportes et les habillages inférieurs. Ces derniers, bien que d’une qualité convenable, ne flattent guère ni l’œil ni le toucher. L’habillage tissu de la planche de bord et des contreportes manque cruellement de dynamisme. L’ensemble est propre, bien assemblé, mais visuellement monotone, là où un brin de folie aurait pu rehausser l’ambiance.

Côté coffre, le seuil de chargement se révèle plutôt haut mais avec 748 litres, l’espace offert en configuration cinq places est généreux. Des compartiments inférieurs permettent de ranger câbles de recharge ou petits accessoires. A l’avant, on trouve profusion de rangements et une console centrale imposante, un bon point pour l’organisation à bord.

Le Smart Cockpit, avec sa dalle flottante incurvée, attire l’œil mais peine à me convaincre à l’usage. La résolution est excellente, l’interface extrêmement fluide mais l’ergonomie me laisse perplexe. L’écran déporté dédié aux menus aurait pu être remplacé par un affichage unique plus grand et plus fonctionnel. Une approche discutable qui complexifie inutilement l’accès aux commandes essentielles.

Quant au volant, il divise. Petit, à double méplat, il est sculpté de manière trop marquée à mon goût. Pour la première fois lors d’un essai, je me surprends à ne pas apprécier sa prise en main. L’ergonomie des boutons est également perfectible : mal positionnés, ils entraînent des activations involontaires bien trop fréquentes.

Sous le capot

Le Peugeot E-5008 sera à terme proposé avec trois configurations électriques différentes. Une approche qui se veut la plus proche des besoins de l’utilisateur, avec un choix entre autonomie, puissance ou transmission intégrale. La version standard, actuellement la seule disponible, affiche une puissance de 157 kW (210 ch) et un couple de 345 Nm. Elle est équipée d’une batterie de 73 kWh et revendique une autonomie de 500 km en cycle mixte WLTP.

Pour les plus grands rouleurs, Peugeot propose une version grande autonomie dont la puissance est portée à 170 kW (230 chv) avec une batterie de 98 kWh, offrant jusqu’à 660 km d’autonomie WLTP. Enfin, la version Dual Motor AWD ajoute un second moteur sur l’essieu arrière, portant la puissance totale à 237 kW (320 ch), avec une répartition de 345 Nm à l’avant et 170 à l’arrière. Avec la batterie de 73 kWh, l’autonomie est moindre (500 km WLTP).

Toutes les versions partagent la même technologie : moteurs synchrones à aimants permanents, recharge rapide jusqu’à 160 kW en courant continu – de quoi passer de 10 à 80% de la batterie en 35 minutes ou récupérer 100 km d’autonomie en 10 minutes – et un chargeur embarqué de série de 11 kW, avec une option 22 kW pour les plus pressés.

En matière de consommation, j’ai relevé une valeur de 16.2 kWh/100km en cycle mixte, un chiffre qui grimpe à 21.2 kWh/100km lorsque je hausse l’allure. Cependant, le E-5008 sait se montrer peu gourmand quand on le manipule avec souplesse : en ville, mon plus bas relevé était de 8.3 kWh/100km.

Au volant

Dès les premiers kilomètres, le E-5008 dévoile une agilité étonnante en milieu urbain. Son rayon de braquage court et sa direction souple permettent de se faufiler aisément, offrant un ressenti proche d’une citadine. Un tour de force lorsqu’on considère son gabarit imposant.

Sur routes secondaires, l’agrément de conduite est honnête. Le véhicule se montre confortable et bien amorti, bien que son embonpoint se ressente dans les virages. Les transferts de masse, bien que maîtrisés, trahissent une tendance au roulis. Loin d’être un SUV au dynamisme exacerbé, il compense par une douceur de conduite plaisante et un comportement prévisible. Les relances sont convenables grâce au couple de la motorisation électrique.

Trois modes de conduite sont proposés. Le mode Eco limite les performances et bride certains équipements pour maximiser l’autonomie. Le mode Standard, équilibré, offre un compromis intéressant entre dynamisme et efficience. Enfin, le mode Sport libère pleinement les 210 chevaux et raffermit nettement la direction, un choix surprenant pour un SUV. En testant le S de SUV, je sens clairement une transition, un caractère qui se libère, avec une timide proposition de nervosité. Mais le centre de gravité haut rend le véhicule peu engageant en amorce de courbe. Une fois posé en appuis, il accepte toutefois l’accélération sans sourciller, sur chaussée sèche tout au moins.

Sur le E-5008, Peugeot n’a pas retenu la véritable fonction “One-Pedal” qui permet l’arrêt complet du véhicule sans toucher à la pédale de frein. Si le système permet une conduite fluide et intuitive en ville, il faut tout de même solliciter la pédale de frein pour immobiliser complètement le véhicule. C’est dommage alors qu’une majorité de possesseurs de véhicules électriques privilégient ce système.

Côté récupération d’énergie à la décélération, le système s’avère efficace. Une descente du Mont Salève jusqu’au centre de Genève me permet de regagner 5 % de batterie. Il montre tout de même des limites lorsque bien sollicité : après 3 à 4 minutes de plein charge, l’auto met la récupération d’énergie en mode « dégradé » pour préserver les batteries.

Verdict

Le Peugeot E-5008 incarne la transition électrique du constructeur français, misant sur une offre pragmatique et une belle polyvalence. Son habitabilité généreuse, sa modularité bien pensée et son autonomie compétitive en font une proposition à considérer pour les familles en quête d’un grand véhicule électrique pour le quotidien. L’agrément de conduite est globalement satisfaisant, avec un bon confort et une douceur appréciable.

Pour répondre à la question initiale, je trouve qu’on demeure loin d’un « SUV statutaire ». D’ailleurs, peut-on seulement parler de S-U-V ? A mon sens, non. Le E-5008 est un simple UV (Utility Vehicle) car son volant à double méplats et son mode sport n’en font pas un roi de la savane. Ce qui n’est pas un tort en soit. En somme, le E-5008 est un véhicule réussi, adapté aux besoins des familles modernes mais qui manque assurément d’un soupçon d’audace pour réellement marquer les esprits.

Prix et options – Peugeot E-5008 GT

Prix de base : CHF 55’800.-

Peinture Bleu Ingaro : CHF 0.-

Pack Intérieur Mistral Executive : CHF 3’100.-

Pack 360° Vision & Drive Assist Plus : CHF 1’700.-

Pack Hiver : CHF 700.-

Pack Sunroof : CHF: 1’900.-

Prix TOTAL : CHF 63’200.-

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Nos remerciements à Peugeot (Suisse) SA pour le prêt de ce nouveau Peugeot E-5008 GT, ainsi qu’au garage BYmyCAR à Meyrin pour leur soutien logistique.