Essai – Alpine A290 GTS : Retour vers le futur bleu Alpine

Avec l’A290, Alpine inaugure une nouvelle ère. Première citadine électrique de la marque, la GTS en incarne la version la plus sportive et ambitieuse. Basée sur la Renault 5 E-Tech Electric, elle promet de combiner l’héritage populaire d’un modèle emblématique avec le savoir-faire d’Alpine en matière de sportivité. Compacte et moderne, elle pose les jalons d’une gamme électrique tout en restant fidèle à l’ADN de Dieppe.

1 moteur électrique synchrone
160 kW (218 ch)
300 Nm
Transmission à rapport unique
Vitesse maxi : 170 km/h
0 à 100 km/h en 6.4 sec.
Poids : 1’554 kg
Long./larg./haut. (mm): 3’990 x 1’820 x 1’520
Conso. mesurée : 17.3 kWh/100 km
Emissions CO₂ : 0 g/km (A)
dès CHF 43’700.-, mod.essayé: CHF 47’000.-

Texte et photos : Matthieu Giraudier

L’Alpine A290 GTS intrigue d’emblée : est-elle une simple déclinaison de la nouvelle Renault 5 habillée aux couleurs de Dieppe ou une véritable Alpine, avec l’ADN qu’évoque cette marque ? La seconde question qu’elle évoque est plus intime : une voiture qui convoque autant la nostalgie des années 70 et 80 peut-elle réellement susciter des émotions comparables à celles que l’on rattache à nos souvenirs d’enfance ?

Cet essai n’est donc pas tout à fait comme les autres. Il se situe à la croisée des attentes : une proposition Alpine dans ce qu’elle a de plus exigeant et une plongée dans la mémoire collective et personnelle où la modernité vient dialoguer avec la nostalgie.

A l’extérieur

L’Alpine A290 GTS attire les regards avant même d’avoir tourné une roue. Son design ne laisse personne indifférent : certains y voient un côté cartoon, d’autres saluent une proposition moderne, franche et pleine de personnalité. Dans tous les cas, elle interpelle. Et à titre personnel, c’est un véritable coup de cœur.

La filiation avec la Renault 5 d’antan et la Supercinq saute aux yeux. Réinterprétés dans un langage contemporain, les proportions, les volumes et certains détails esthétiques rappellent directement ces icônes populaires. L’A290 réussit à conjuguer l’hommage au passé et l’élan vers la modernité, avec un style rétro-moderne assumé.

A l’avant, la signature lumineuse en croix des feux de jour évoque les projecteurs additionnels des voitures de rallye. Associée aux “yeux rieurs” des optiques et aux prises d’air du bouclier, elle donne au visage de l’A290 une mine joyeuse, presque espiègle. Les arêtes saillantes et les épaulements marqués renforcent l’impression de dynamisme.

De profil, on remarque immédiatement la jupe latérale marquée et les rappels visuels des entrées d’air de la Renault 5 Turbo, ici purement esthétiques. Les jantes mêlant chrome et noir brillant soulignent le dessin, tandis que les passages de roues élargis apportent de la présence et une stature plus sportive.

A l’arrière, les feux verticaux s’inspirent directement du modèle originel, renforcés par une casquette et un petit spoiler qui ajoutent une touche de sportivité. Le hayon, carré et épaulé, confère à la poupe un caractère affirmé tandis que le diffuseur factice complète une signature visuelle robuste et équilibrée.

Ainsi, l’A290 GTS dégage un vrai effet « wow ». Dans la rue, elle intrigue, amuse, séduit et ne laisse pas les gens insensibles. Pari réussi pour Alpine : proposer un design rétro-moderne assumé qui honore l’héritage tout en inscrivant la citadine sportive dans son époque.

A l’intérieur

Dès qu’on s’installe à bord de l’Alpine A290 GTS, on retrouve le positionnement particulier de cette petite sportive électrique qui conserve des dimensions compactes. Résultat : l’habitabilité est contenue, surtout à l’arrière. Deux adultes peuvent s’y installer ponctuellement mais l’espace aux jambes est limité ; quelques centimètres supplémentaires auraient fait la différence. A l’avant, on est mieux loti mais on sent que la voiture n’est pas très large.

La présentation générale est cohérente avec le positionnement tarifaire – CHF 43’700.- pour la version GTS. L’assemblage est sérieux et bien exécuté. Cependant, certains plastiques rappellent que l’on est dans un segment où les arbitrages économiques sont déterminants. Par exemple, les commodos manquent un peu de raffinement.

En revanche, la sellerie séduit. Les sièges mêlent cuir et textile avec surpiqûres blanches, motifs bleus profonds et petits détails soignés : logo “A290” embossé, drapeau français discret, rappel du motif triangulaire cher à Alpine. Ce thème graphique se retrouve par touches sur la console et l’instrumentation, renforçant l’identité. L’impression générale est celle d’un intérieur bien construit, sérieux, avec quelques concessions matérielles mais globalement qualitatif.

Le poste de conduite, orienté vers la sportivité, n’est pas exempt de critiques : le volant à double méplat est épais, avec des arêtes parfois mal placées qui compliquent une prise en main parfaite. Mais il réserve aussi de belles attentions : un contacteur spécifique permet de régler le frein régénératif à la volée et surtout, un bouton rouge “OV” tombe parfaitement sous le pouce droit pour libérer un surcroît de puissance instantané. L’animation qui accompagne cette fonction, façon hyperespace, amuse autant qu’elle dynamise l’expérience.

L’ergonomie globale convainc. Le combiné numérique est lisible, bien défini et adaptatif selon le mode de conduite. L’écran central, vertical et légèrement orienté vers le conducteur, propose une résolution satisfaisante mais se révèle un peu petit pour Apple CarPlay ou Android Auto. Rien de rédhibitoire mais les amateurs de grandes dalles pourraient rester sur leur faim.

Malgré les proportions contenues, le coffre propose un volume correct pour un usage quotidien ou un week-end en couple, avec un seuil un peu haut mais un espace exploitable. L’ensemble compose un habitacle à la fois agréable et facile à vivre. On regrette seulement quelques économies visibles sur certains matériaux et un volant perfectible.

Sous le capot

Sous sa silhouette compacte, l’Alpine A290 GTS cache une architecture électrique construite sur la plateforme AmpR Small commune à la Renault 5 E-Tech Electric. La GTS se distingue comme la version la plus performante de la gamme, avec un moteur synchrone à aimants permanents délivrant 160 kW (218 ch) et 300 Nm de couple transmis aux seules roues avant.

La batterie lithium-ion de 52 kWh nets alimente l’ensemble et Alpine annonce une autonomie WLTP mixte de 364 km. Sur route, en conduite normale, je mesure 17.3 kWh/100km, ce qui qui correspond à environ 300 km. En revanche, dès que le rythme s’accélère et que la conduite devient plus dynamique, elle grimpe facilement à 23.4 kWh/100km. Une variation logique pour un modèle revendiquant un caractère sportif.

Pour la recharge, l’auto embarque un chargeur sur courant alternatif triphasé de 11 kW. Le constructeur français promet une recharge de 50 à 80% en 1h20 et il faut environ 5h15 pour une recharge complète. Sur chargeur à courant continu, la puissance se limite à 100 kW, ce qui permet tout de même de passer de 15 à 80% en 30 minutes environ.

Quant aux performances, le 0 à 100 km/h est abattu en 6.4 secondes et la vitesse de pointe est fixée à 170 km/h, des chiffres qui situent l’A290 GTS parmi les petites sportives électriques les plus affûtées du moment. Le poids, contenu à environ 1’554 kg, contribue à préserver un certain équilibre.

En somme, l’A290 GTS fait le choix de la sportivité dans l’univers électrique sans renier l’usage quotidien, ce qui en fait une proposition convaincante et plus que la simple déclinaison d’une citadine électrique existante.

Au volant

Prendre le volant de l’Alpine A290 GTS n’a rien d’un essai comme les autres. L’enfant qui s’installait autrefois sur la banquette arrière de la Renault 5 paternelle, balloté sur les routes de campagne, se retrouve aujourd’hui derrière le volant de sa réinterprétation moderne. L’émotion est là, portée par cette rencontre entre souvenirs d’enfance et promesse d’une Alpine électrique.

Rapidement, la nostalgie laisse place aux faits. Alpine a profondément retravaillé les trains roulants, les berceaux avant et arrière et le châssis tout entier. Résultat : un comportement qui n’a rien à voir avec celui de la R5. La petite sportive se vit comme un vrai kart, ultra-compact, avec une agilité qui surprend à chaque virage.

Le grip est étonnant. Il faut brutaliser la voiture pour approcher ses limites tant la tenue de route impressionne. Dans les enchaînements rapides, l’A290 donne cette sensation rare de littéralement coller au bitume. Les 220 ch et 300 Nm ne transforment pas la voiture en fusée mais ils suffisent amplement à exploiter ce châssis taillé pour le dynamisme. Le bouton rouge “OV”, qui libère un surcroît de puissance, apporte un petit frisson supplémentaire sans être une claque.

L’accélération est linéaire, moins viscérale que celle d’un moteur thermique et ses à-coups, avec une poussée qui reste constante et disponible à tout instant. C’est dans la direction, la précision du train avant et l’équilibre général que l’émotion surgit. L’A290 n’a pas besoin de bruit pour vibrer : elle vit par son dynamisme et par sa capacité à dévorer les virages avec une facilité désarmante.

Et puis, une fois l’adrénaline retombée, la petite Alpine sait se montrer docile. Elle s’adapte à un usage quotidien, agréable en balade tranquille, sans jamais perdre son charme. C’est ce double visage qui séduit : une sportive compacte – ultra-vive et émotionnelle – mais aussi une compagne de route qu’on peut partager au quotidien. Une équation plutôt rare dans le paysage automobile actuel.

Verdict

Il y a des essais où l’émotion prend le pas et celui de l’Alpine A290 GTS en fait partie. Difficile de rester complètement neutre tant cette voiture me parle directement, à la fois comme journaliste et comme membre du public cible qu’Alpine vise avec ce modèle. L’approche “rétro”, mêlant design inspiré du passé et modernité électrique, était un pari et il est réussi.

Certes, elle ne séduira pas ceux qui ne jurent que par le thermique. Mais l’A290 GTS s’adresse à un autre public : ceux qui aiment l’accroche, la précision du châssis, les trajectoires avalées à rythme soutenu et les cols de montagne dévorés virage après virage. Pour eux, l’émotion est bien là, différente mais tout aussi intense.

Accessible à partir de CHF 43’700.- en Suisse dans cette version GTS, elle s’avère une proposition cohérente : suffisamment compacte pour le quotidien, suffisamment affûtée pour procurer de vraies sensations. Une Alpine dans l’âme, qui respecte son brief initial et livre un produit abouti.

En définitive, c’est une voiture qui marche, qui transmet, qui inspire, l’un de mes plus grands coups de cœur de cette dernière décennie. Alpine tape dans le mille, fidèle à sa vocation : bouffer du col de montagne.

Prix et options – Alpine A290 GTS

Prix de base : CHF 43’700.-

Peinture « Bleu Alpine Vision » : CHF 900.-

Jantes aluminium 19″ Snowflake semi-diamantées : CHF 500.-

Pack Safety : CHF 400.-

Pack Driving : CHF 850.-

Active Driver Assist : CHF 50.-

Etriers de frein bleu Alpine : CHF 400.–

Logo Alpine bleu au centre du volant : CHF 100.-

Drapeaux français bleu/blanc/rouge sur la custode : CHF 50.-

Prix TOTAL : CHF 47’000.-

Pour partager vos impressions, rendez-vous sur notre page FaceBook.

Nos remerciements à Renault / Alpine Cars Suisse SA pour le prêt de cette Alpine A290 GTS, ainsi qu’au Centre Alpine RRG Genève à Plan-les-Ouates pour leur soutien logistique.