Essai – Audi A3 berline 1.8 TFSI : le retour du tricorps ?

Alors que le catalogue actuel de la marque d’Ingolstadt regorge déjà de 12 modèles, et que les berlines n’ont pas vraiment le vent en poupe, voilà qui semble être une drôle d’idée que « berliniser » l’A3. Essai d’une voiture surprise que l’on n’attendait pas.

4 cylindres, 1’798 cm³
180 CV de 5’100 à 6’200 t/min
250 Nm de 1’250 à 5’000 t/min
Boîte robot. double-embrayage, 7 rap.
Vitesse maxi : 235 km/h
0 à 100 km/h en 7.3 sec.
Poids : 1’295 kg
Long./larg./haut. (mm): 4’469 x 1’796 x 1’392
Conso. mesurée : 7.7 l/100 km
Emissions CO₂ : 129 g/km (D)
dès CHF 40’600.-, mod. essayé: CHF 59’960.-

Texte et photos : Bob de Graffenried

Cela fait déjà longtemps que les Audi ont l’habitude de se ressembler. De ce fait, au premier coup d’œil, on pourrait presque confondre l’A3 berline avec sa grande sœur, l’A4. Mais dès que l’on s’en approche, le doute s’estompe. En effet, le porte-à-faux arrière raccourci de l’A3 berline (-7cm) n’autorise aucune confusion : il s’agit bien d’une nouvelle A3 de type tricorps !

Sa longueur totale est de 4.47m ; c’est 16 cm de plus que l’A3 Sportback dont l’empattement est identique, mais 23 cm de moins que l’A4. Elle reste donc plus proche de l’A3 que de l’A4.
Jusqu’à la fin des années 90, qu’elles furent compactes ou grandes routières, les berlines étaient monnaie courante sur nos routes. Après la mode des breaks compacts, des SUV et des crossovers, se dirige-t-on vers une sorte de retour aux sources ? Seul l’avenir nous le dira.

A l’extérieur

Ouah m’exclamais-je quand je la vis : une Audi rouge ! C’est assez rare pour qu’elle ne passe pas inaperçue sur le parking de la concession. Bien que je fuie les voitures noires comme la peste, je ne l’aurais certainement pas choisie dans une teinte aussi vive, mais avouons qu’équipée du kit S-Line (CHF 2’030.-), comprenant entre autres les bas de caisse et les jantes alu de 18’’, ce coloris lui donne un aspect résolument sportif ! La garde au sol est bien calculée. Si la face avant est identique au modèle 3/5 portes, il n’en est pas de même de l’arrière, totalement nouveau et affichant des proportions parfaites esthétiquement parlant.

Il en résulte une voiture belle à regarder sous tous les angles. La ligne de toit descend beaucoup plus rapidement que sur la Sportback, débouchant sur un pare-brise très incliné puis sur un couvercle de malle court, également incliné, me rappelant les Mercedes CLA et Classe C. Les feux arrière ont été à la fois amincis et rallongés, donnant l’impression qu’ils entourent la plaque minéralogique. Quant aux projecteurs avant 100% LED (CHF 2’350.-), ils confèrent à l’auto un regard ultra moderne.

A l’intérieur

L’habitacle de l’A3 est sans faille, et je dois avouer que j’ai été sous le charme de cette planche de bord très épurée qui se concentre sur l’essentiel : 2 généreuses bouches d’aération et plus bas, les commandes de climatisation. Et c’est tout ! Et c’est parfait comme ça !

Comme d’habitude avec la marque au 4 anneaux, la finition est impeccable et tous les matériaux utilisés sont d’excellente facture. Tout est agréable au touché, du moindre bouton aux différents revêtements constituant les contre-portes. N’oublions cependant pas que ce ressenti de proche perfection est aussi le résultat de nombreuses options équipant cet exemplaire, avec notamment des excellents sièges en cuir/alcantara (CHF 1’250.-) et un volant multifonction à méplat (CHF 540.-), qui tient bien en main et dont les commandes tombent sous les doigts.

Autre artifice du plus bel effet : l’écran LCD tactile HD, escamotable électriquement, servant aux commandes multimédia et réglages du véhicule. Celui-ci se commande également via le pad multifonctions situé vers le sélecteur de vitesses. Couplé ici au système MMI Navigation Plus, il vous coûtera la coquette somme de CHF 3’780.-. En plus des fonctions classiques, ce système permet de profiter de tous les services de mobilité Audi Connect (Audi Music Stream, Mail, Facebook, Wifi et accès internet via téléphone connecté en Bluetooth, navigation via images Google Earth et Google Street View, météo, etc.).

L’insonorisation est excellente et m’aura permis de profiter pleinement du système audio Bang & Olufsen (CHF 1’100.-), offrant pas moins de 14 haut-parleurs dont 1 central sur le tableau de bord ainsi qu’un caisson de basses sur la plage arrière, utilisant l’entier du coffre comme caisse de résonnance ! Une belle réussite sur le plan audio.

Au niveau habitabilité, la version ici présentée, munie du toit ouvrant (appelé à tort panoramique pour CHF 1’320.-), ne conviendra pas à tous les gabarits ; ainsi mes 195cm auront été malmenés pendant 2 semaines… Ce sont les difficultés du métier ! Ce n’est guère mieux à l’arrière, où la tête vient rapidement toucher le toit vu que celui-ci descend nettement plus rapidement que sur la Sportback. C’est là toute la problématique pratique de l’architecture tricorps, avec en prime un coffre, certes profond (425 litres), mais doté d’une hauteur de chargement à faire pâlir tout converti au Sportback, crossover ou SUV…

Sous le capot

Comme à son habitude, Audi nous donne le choix en ce qui concerne les différentes motorisations. Ainsi, outre la furieuse S3 et ses 300 CV – capable d’avaler le 0-100 en 4.9 sec – trois 4 cylindres diesel (de 105 à 184 CV) et trois 4 cylindres essence (de 125 à 180 CV) sont proposés.

En revanche, si l’on souhaite bénéficier de la traction intégrale Quattro (+ CHF 2’600.-), seul le 1.8 TFSI essence de 180 CV est pour l’instant disponible. C’est justement celui-ci qui équipait notre exemplaire d’essai, mais en traction. Fait intéressant, et qui se répercutera tant sur les accélérations que sur la consommation, la transmission Quattro impose un surpoids non négligeable de 100 kg. Autant dire que c’est comme si vous aviez votre oncle imaginaire et très gourmand en permanence à côté de vous…

Même si la consommation mixte annoncée par Audi m’a paru comme d’habitude très optimiste (5.6 l./100km), j’ai relevé pour ma part une moyenne honnête de 7.7 l./100km, sur un parcours mixte au cours duquel je ne me suis pas privé de quelques franches accélérations, le tout en mode Normal. Le mode Efficiency, passant la boîte en overdrive dès le relâchement des gaz, permet d’économiser 0.3 à 0.4 l./100km sur l’autoroute, puisque la relance se fait logiquement plus tardivement. Le système Start-Stop, présent de série sur toutes les finitions, s’est montré quant à lui très lunatique, refusant régulièrement d’arrêter le moteur sans raison, même celui-ci une fois chaud.

Au volant

Après quelques kilomètres dans le trafic, le premier constat est le suivant : le moteur brille autant par son silence que par sa souplesse. La conduite est très agréable en ville, la direction est facile et les passages de rapports ne font jamais d’à-coups mais sont néanmoins un peu lents en conduite coulée.

Il me vient rapidement l’envie de tester les différents modes de conduite (Efficiency, Dynamic, Auto et Individual). Par expérience, le mode Auto est à éviter, pouvant changer la sensibilité de la direction et des gaz en moment inopportun. Le mode Individual permet de se paramétrer son propre mode sur les 3 critères disponibles ici : sensibilité des gaz, sensibilité de la direction, et économie de carburant. On peut donc configurer l’auto pour avoir la pédale des gaz sensible et la direction dure, tout en préservant l’aspect économie de carburant, qui signifie que la boîte se met en overdrive au relâché des gaz.

Je vois déjà ceux qui vont me dire : et les suspensions ? Eh non, hélas, elles sont « fixes » ! Ceci dit, il s’agit d’un bon compromis entre confort et sportivité. Surgit la question : vaut-il mieux une auto bien réglable ou bien réglée ? Car oui, c’est vrai, même en conduite active, les suspensions ne rendent pas les armes et fournissent de bonnes prestations avec un roulis limité. Mais personnellement, s’agissant de véhicule polyvalent comme cette A3, je pense qu’un amortissement réglable serait un grand plus.

Indépendamment des modes de conduite, la boîte de vitesses à double-embrayage est dotée de 2 modes automatiques : S et D. En mode D, comprenez drive, la boîte passe les rapports à bas régime, privilégiant l’économie de carburant. Alors qu’en mode S (sport), les rapports se commutent environ 1’000 t/min plus haut à charge équivalente sur le pied droit. Peu importe, je préfère reprendre la main via les palettes au volant et décide de conserver le mode Dynamic pour aborder la route sinueuse qui se présente à moi. A noter que quel que soit le mode de conduite, la boîte devient beaucoup plus rapide dès qu’on a le pied droit « au fond », donc en pleine charge.

Je hausse le rythme ; les 180 chevaux sont fougueux et le moteur prend facilement ses tours jusqu’à la zone rouge, à tel point que j’ai la vive impression que j’en ai plus sous le pied. Ce pour deux raisons : un poids contenu et surtout, une boîte dont l’étagement se veut raccourci grâce à la présence d’un 7ème rapport. Pour donner une idée, en 2ème, le rupteur vous sautera à la figure à 75km/h déjà, ce qui est court et propice au plaisir de conduire.

L’habituel lag du turbo n’est présent qu’à bas régimes et n’est pas gênant en conduite sportive, au contraire du sous-virage, qui est vite marqué lorsqu’on attaque en sortie de courbe. Un différentiel auto-bloquant est pourtant présent de série, mais son action est électronique et nettement moins efficace qu’un auto-bloquant mécanique. Ceci dit, l’empattement et le poids contenus de l’A3 en font une voiture agile et plaisante à mener sur les routes sinueuses.

La direction, dotée d’une bonne consistance en mode Dynamic, est peu communicative et demeure trop floue autour point milieu. Mais globalement, s’agissant d’un véhicule polyvalent, Audi remplit pleinement le contrat en proposant une auto facile et agréable à conduire, silencieuse et confortable, tout en étant capable de hausser généreusement le rythme le temps d’une virée à la montagne.

Verdict

Au terme de ces 2 semaines d’essai, la question persiste : cette A3 berline a-t-elle bien sa place au catalogue ? Mesurant 16 cm de plus que la Sportback tout en se montrant moins généreuse en habitabilité arrière et en hauteur de coffre, la question reste pertinente. Mais de nos jours, même si l’aspect pratique a son importance, l’esthétique compte aussi beaucoup et c’est là que sont les atouts de cette berline compacte. Alors que la Sportback fait souvent figure de mini-break à tout faire, la berline se veut plus distinguée et élitiste, et renoue avec l’esprit tricorps de la voiture populaire d’antan. La marque aux 4 anneaux va-t-elle réussir à créer un effet de mode des berlines compactes ou restera-t-elle destinée à un marché de niche ? Actuellement, l’A3 berline est bien la seule voiture à 4 portes mesurant moins de 4.50 m, la grande majorité de ses rivales mesurant au moins 15 cm de plus qu’elle.

Pour finir, j’aimerais saluer l’excellent rapport consommation/agrément fourni par les 180 CV du 1.8 TFSI, qui accouplé à la boîte S-Tronic à 7 rapports, se veut à mon sens le parfait compromis. Cette Audi est venue me chercher là où je ne m’y attendais pas : un moteur économique et volontaire à tous les régimes accouplé à une boîte à l’étagement parfait sur tous les rapports ! J’en ai enfin fini… Ah non, pas tout-à-fait, il me reste la liste des options, mon Dieu qu’elle est longue !!!

Prix et options – Audi A3 berline 1.8 TFSI “Ambition”

Prix de base : CHF 43’500.-

Rouge misano nacré : CHF 910.-

Volant multifonction plat : CHF 540.-

Sièges avant chauffants : CHF 460.-

Baguettes latérales en alu : CHF 250.-

Ciel en tissu noir : CHF 330.-

Soutiens lombaires avant électriques : CHF 340.-

Cuir / Alcantara : CHF 1’250.-

MMI Navigation plus : CHF 3’780.-

Rétroviseur anti éblouissant : CHF 340.-

Réception radio digitale (dab) : CHF 420.-