05 December 2019
2019-12-05
Septembre 2018, au DS Design Studio de Paris, le DS 3 Crossback est dévoilé, quelques jours avant sa première présentation publique au Mondial de Paris. Le voilà à la vente avec plusieurs motorisations essence et diesel, en attendant le tout électrique « e-Tense » en début d’année prochaine.
Texte : Xavier Bais / Photos : Marc-Philip Jennings
Tout d’abord, DS Automobiles n’annonce pas ce DS 3 Crossback comme le remplaçant de la DS 3, modèle qui aura eu une belle carrière sans avoir à vraiment changer de look. Après le DS 7 Crossback essayé l’année dernière, nous découvrons aujourd’hui ce crossover compact qui élargit l’offre de la marque sur un segment en poupe.
L’objectif de ce DS 3 Crossback est la concurrence premium du segment B, à savoir principalement l’Audi Q2, la Mini Coutryman et le BMW X2. Il pourrait aussi faire de l’ombre à son cousin, le nouveau Peugeot 2008.
C’est un pari osé car même si la DS 3 a été un franc succès et a permis un grand changement pour la marque DS, se positionner un cran au-dessus va irrémédiablement, en tout cas en Europe, générer moins de vente. Seul le marché chinois qui est implicitement visé pourra certainement maintenir un bon niveau d’intérêt. Mais à vouloir se placer ainsi avec une image récente dans ce secteur où l’affiliation avec le généraliste Citroën est encore dans tous les esprits, il faut être sûr de présenter un bon produit. Voyons ensemble si c’est le cas et si ce pari est réalisable en Suisse.
A l’extérieur
Côté design, DS s’est clairement lâché. Beaucoup d’angle, une calandre chromée qui en impose d’emblée. L’ensemble est dynamique et se différencie de ce qui se fait actuellement dans le paysage SUV. Le fait que la partie haute soit en noir brillant casse la ligne et donne un aspect costaud.
On sent que DS n’a pas voulu froisser les clients friands de l’ex DS 3 trois portes. Les designers ont tout fait pour bien intégrer les portières arrière. Style osé mais pari réussi grâce à cette forme d’aileron de requin qui apporte une touche originale à la partie latérale arrière.
La teinte “Bleu Millenium” de notre modèle d’essai lui va très bien. Il varie légèrement selon la couleur du ciel, avec des nuances de vert et de bleu. Les jantes au design moderne terminent le « tableau » et offrent à ce petit crossover une allure de baroudeur urbain plutôt élégant.
Rares dans cette catégorie, les poignées de ce DS 3 Crossback sont affleurantes. Coté équipement, les phares sont les LED Matrix. On le constate clairement, avec ces détails, DS tire ses voitures vers le haut, celui des Premium. Chose étonnante dans ce look très recherché, la trappe qui cache le bouchon de remplissage du réservoir d’essence est monstrueusement énorme. On ne peut pas la louper ! Un nouveau style peut être.
A l’intérieur
L’entrée se fait sur les magnifiques sièges « bracelet de montre ». Beaux et confortables, ils sont confectionnés avec une mousse à double densité. Un cuir de belle facture recouvre le tableau de bord. J’apprécie un peu moins son coloris, mais ça n’engage que moi. En fait, sur cette partie et celle des assises, on trouve des tâches dorées comme des effets de peinture pulsés via une bombe.
Les compteurs numériques sont bien lisibles, même si l’écran est petit. Heureusement il y a l’écran tactile 10 pouces suffisamment visible et spacieux pour lire toutes les infos. L’instrumentation est originale. Comme pour son grand frère le DS 7 Crossback, on découvre de nombreux losanges en guise de raccourcis tactiles vers des fonctions comme les paramètres du véhicule ou encore la musique et la navigation. Pour certains il y aura peut-être trop de losange. Les goûts et les couleurs !
Pour donner l’impression d’espace, les designers ont intégré l’aérateur latéral à la contre-porte. Déjà vu sur la Honda Civic, l’effet est réel. L’efficacité, surtout en ayant choisi le parti pris d’avoir des ailettes fixes, l’est moins. Puisque l’on est dans les portières, l’aileron de requin intègre un haut-parleur, il n’est pas là pour rien. De l’extérieur, le style est sympa, mais de l’intérieur cela réduit la surface vitrée et confine les passagers arrière. D’autant que l’espace aux jambes y est très limité. Cette voiture est finalement très courte, donc il ne peut y avoir de miracle en terme d’habitabilité. Une immense boite à gants et la recharge du smartphone par induction sont bien pratiques.
Elle possède tout de même un joli coffre de 350 litres. En revanche, pas facile de trouver son ouverture du premier coup. Il y a un bouton juste au-dessus de la plaque, sous le pare-chocs. De plus, point d’aide électrique pour ouvrir ce lourd hayon, dommage pour une voiture dite « Premium ».
Sous le capot
Nous avons aujourd’hui à l’essai un moteur essence 3 cylindres de 1.2 avec un turbo « mono scroll ». Chez PSA, on travaille dessus depuis 2014 et on le nomme commercialement « PureTech ».
Nous ne pourrons pas l’essayer dans sa version la plus puissante de 156 ch mais nous testons le milieu de puissance, le 130 ch. Le 100 ch étant le « bas de gamme » semble ici un peu juste pour ce DS 3 Crossback qui se doit tout de même, au vu de son tarif, de proposer un agrément de conduite satisfaisant.
Cette génération de petit moteur apporte son lot de modernisations et d’évolutions techniques. On y retrouve, entres autres, un système de gestion de déphasage à l’admission et l’échappement, une optimisation de la combustion et boucle d’air, injection directe avec injecteur central et vertical (5 trous) avec une pression de 200 bars, un équilibrage poussé du trois cylindres. Sur ce dernier point, on sent au ralenti certaines vibrations prouvant que l’on a bien un trois cylindres sous le capot. Avec 111 g/km de CO2 et une consommation mesurée de 6.8 l/100km, ce moteur se montre plutôt sobre, tout en offrant suffisamment de reprise pour rouler en toute sérénité au quotidien.
Au volant
Première impression, le confort. DS nous avait déjà bien habitué à ce que ses voitures soient confortables. Ce DS 3 Crossback, malgré sa hauteur de caisse surélevée et son manque de suspensions pilotées, propose un excellent châssis. Il s’agit d’ailleurs d’une nouvelle plateforme CMP multi-énergie de PSA qui équipe aussi la nouvelle Peugeot 208. La voiture, sans virer totalement à plat, prend peu de roulis. Courte en longueur mais avec un bon empattement, elle se montre vive et agile. La direction, sans être vraiment incisive, est précise. Les bruits de roulement sont minimes, seuls les rétroviseurs sur autoroute génèrent des bruits d’air.
Le moteur 3 cylindres est surprenant. Il n’y a pas besoin de le faire monter dans les tours pour rouler dans le flot. Les 230 Nm de couple dès 1’750 t/min suffisent largement pour animer ce petit SUV. Il n’y aura que les moments où vous voudrez accélérer la cadence comme par exemple dans un col ou ce moteur vif vous suivra mais se fera entendre. Étonnant d’ailleurs que l’isolation ne soit pas plus aboutie. Il faut néanmoins signaler que j’ai rarement eu besoin de monter haut dans les tours. La conduite sur le couple est de mise.
La boite de vitesse automatique EAT8 à huit rapports est parfaitement étagée et s’adapte bien au moteur et au conducteur. Sur route très dégradée, la suspension filtre et absorbe tout et cela avec des jantes de 18 pouces. C’est bien une DS !
L’affichage tête haute, situé juste après le volant et donc assez proche du conducteur, est assez gênant car si vous n’êtes pas très grand et que vous aimez conduire siège bien bas, vous l’aurez dans votre champ de vision. Le petit volet translucide sur lequel est retranscrit la vitesse peut heureusement se rétracter. Dommage pour une voiture chic que cet affichage « tête haute » ne soit pas dans le pare-brise.
Les sièges, en plus d’être beaux, offrent de nombreux réglages et une fonction massante. Ce DS 3 Crossback n’a que le look du baroudeur car il n’offre pas la possibilité de rouler en quatre roues motrices. Tout juste propose-t-il la fonction « Grip Control » que l’on connaît et retrouve déjà sur la gamme en option. De quoi tout de même se sortir des sentiers boueux ou affronter des routes légèrement enneigées.
Verdict
Ce séduisant petit crossover est une voiture « d’architecte ». Une auto d’une marque en devenir qui a prouvé qu’en matière de savoir-faire il y existe bien un talent « Made in France ». Les matériaux sont de bonne facture, l’exemple de ces magnifiques sièges « bracelet de montre » en est la preuve.
Toutefois, j’ai l’impression que cet architecte, comme souvent, a voulu marquer de son empreinte son passage dans ce monde. Une réplique me vient à l’esprit. Celle que François-Joseph II d’Autriche en présence de Salieri lança à Mozart lorsqu’il joua à la cour, la maçonnique Flûte enchantée : « il y a peut-être un peu trop de notes ». Je me dis qu’à trop vouloir sortir de l’ordinaire, on en oublie l’essentiel : la simplicité dans l’esthétisme.
Alors oui, Mozart avait raison, son œuvre était parfaite. Pour ce DS 3 Crossback, les clients décideront. Ce dernier est-il premium juste par son tarif ou le vaut-il par ses qualités intrinsèques ? L’ensemble est homogène et j’avoue que, pour un peu moins cher, je craquerai volontiers. A mon avis, la version E-Tense que nous testerons prochainement pourrait bien faire monter les ventes de cette élégante française.
Prix et options – DS 3 Crossback PureTech 130 Automatique “So Chic”
Prix de base : CHF 36’000.-
Inspiration DS OPERA Noir Art Basalte avec pavillon foncé : CHF 3’250.-
Peinture métallisée “Bleu Millenium”, avec toit “Noir Onyx” : CHF 1’200.-
Caméra de recul avec vision 180° + aide au stationnement avant : CHF 900.-
Pack Navigation : CHF 1’850.-
(DS CONNECT NAV DAB+ (Navigation 3D connectée, Tablette tactile 10.3″, 2ème prise USB dans l’accoudoir central, Reconnaissance vocale), Recharge du smartphone par induction, Keyless Entry & Start (entrée et démarrage sans clé du véhicule et également possible via smartphone))
HiFi System FOCAL Electra : CHF 1’000.-
(12 haut-parleurs, caisson de basses et amplificateur – 515 Watts)
Head-Up Display : CHF 500.-
Siège conducteur électrique et massant : CHF 950.-
(y compris Sièges conducteur et passager chauffants)
Pack d’assistance DS DRIVE ASSIST : CHF 1’960.-
(y compris Régulateur de vitesse adaptatif avec fonction Stop & Go, Assistance active au maintien de ligne)
Pack Design Shangaï : CHF 2’600.-
(DS MATRIX LED VISION (feux avant Matrix Beam), Feux arrière à LED, DS SENSORIAL DRIVE (Mode Sport : Sonorisation numérique du moteur, direction et passage de rapport optimisés, Affichage de combiné rouge typé sport), Jantes aluminium 18″ ‘SHANGAÏ’)
Prix TOTAL : CHF 50’210.-
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Nos remerciements au PSA Groupe (DS Automobiles Suisse) pour le prêt de ce DS 3 Crossback, ainsi qu’au DS Store des Acacias (Emil Frey Automobiles Genève) pour leur soutien logistique.
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