Essai – Mercedes-Benz E 400 e 4MATIC : La grande berline aux 2 visages

03 July 2024

A côté du tout électrique, Mercedes-Benz diversifie ses propulseurs en proposant des versions plug-in hybride de ses différentes gammes. En équipant ainsi la Classe E berline, la marque vise à séduire des utilisateurs autant privés que professionnels avec la possibilité de faire de nombreux trajets courts sans consommer d’essence. Mais ce système roule-t-il vraiment à l’électrique ou ne fait-il que générer du courant fossile comme j’ai déjà pu l’observer ailleurs ?

4 cylindres, essence, turbo, 1’999 cm³
381 ch
650 Nm
Boîte de vitesse automatique, 9 rap.
Vitesse maxi : 250 km/h
0 à 100 km/h en 5.3 sec.
Poids : 2’265 kg
Long./larg./haut. (mm): 4’949 x 1’880 x 1’468
Conso. mesurée : 6.2 l/100 km
Emissions CO₂ : 20 g/km (C)
dès CHF 91’900.-, mod.essayé: CHF 116’413.-

Texte et photos : Patrick Schneuwly

La Mercedes Classe E a quelque chose de statutaire. Dans une entreprise, ce serait le cadre supérieur ; au restaurant, ce serait les hors-d’œuvres. Il fut un temps où c’était le taxi à toute épreuve, image qui lui colle encore à la peau quatre générations plus tard.

Mais en dehors de ces stéréotypes, à qui s’adresse cette berline ? Difficile de cerner un utilisateur type. Mais incroyable de confort pour 4 passagers, ils sont étriqués s’ils ne savent pas voyager léger. Avouez que c’est assez antagoniste. Partons donc en voyage pour découvrir cette “petite limousine”.

A l’extérieur

La gamme de Mercedes est assez lisible avec les Classe A, C, E et S en ordre de taille croissant. Comme toute la production automobile, ces modèles se sont agrandit au fil des versions. Au jugé, la E d’aujourd’hui semble aussi grande que la S de 2009. Ça se joue probablement à quelques centimètres.

Le gabarit global donne une impression d’harmonie : capot long et pare-brise incliné pour faire place au toit plongeant d’un seul trait sur la lunette arrière et la malle de coffre.

La gueule béante de la calandre sépare des phares LED qui donnent un regard franc et sérieux à la face avant. Sur ce modèle, la calandre porte l’étoile en grand format au centre de sa grille, elle-même formée de dizaines d’étoiles. J’aurais préféré la version avec l’emblème sur le capot mais il y aurait quand même eu le capteur de distance à dissimuler.

Les ailes arrière sont toutes en rondeurs, les feux enveloppent ces galbes et vont de l’aile au clapet du coffre. Ils arborent 4 symboles Mercedes dessinés par les LED. Les cerclages chromés des échappements ne sont que factices, les véritables sorties sont sous la voiture.

De côté, la ligne épurée n’est perturbée que par deux nervures et les poignées escamotables qu’on ne voit qu’à l’arrêt, voiture déverrouillée. Les jantes noires aux grandes surfaces dépolies font dans le même registre.

A l’intérieur

On peut résumer l’habitacle avec les trois mots : sobre, chic et technologique. La sellerie en cuir nappa invite immédiatement à l’effleurer et on ne résiste pas longtemps à l’envie de s’installer. Le cuir microperforé et surpiqué en losanges dégage le luxe à lui seul. Les surfaces sont habillées de frêne noir ou de moulures crènelées d’aspect métallique. La qualité perçue est évidente.

L’ensemble de l’intérieur est lumineux, grâce au grand toit ouvrant vitré qui s’étend jusqu’à la deuxième rangée de sièges. De nuit, l’éclairage d’ambiance à LED prend le relais dans la couleur de son choix. Même si le cuir choisi est sombre, l’ambiance à bord n’est heureusement pas terne.

A l’avant, il n’y a pas moins de trois écrans: un grand en position centrale, un deuxième derrière le magnifique volant et le troisième face au passager qui pourra se divertir durant le voyage. Ne pensez pas y regarder une série à deux sur l’autoroute, il est polarisé de sorte que le conducteur ne puisse y voir ni image animée, ni grille de Sudoku.

A l’arrière, les deux occupants principaux ont chacun trois grilles d’aération avec gestion de la température, de la direction entre les pieds et le buste, ainsi qu’une prise USB-C. L’espace à la tête et aux épaules est plus exploitable que ce que le profil de la voiture laisse augurer.

Sous le capot

Le “downsizing” est passé par là, avec un 4 cylindres 2 litres turbocompressé de 252 ch. Il fonctionne en binôme avec un moteur électrique de 129 ch, portant le total combiné à 381 ch. C’est surtout le couple qui est intéressant avec pas moins de 650 Nm ! Sous son air imposant, elle n’a pas besoin de 6 secondes pour atteindre 100 km/h.

Les batteries ont été placées sous le coffre, faute de place ailleurs. Pour les placer dans le plancher, il aurait fallu augmenter la hauteur de la voiture. Par conséquent, il y a deux trappes sur les ailes arrière : à gauche pour la prise de charge et à droite pour le carburant.

L’équipement Mercedes est logiquement complet, jusqu’à la conduite autonome de niveau 2. La lecture des panneaux de signalisation est efficace ; par contre, l’avertisseur sonore de dépassement de vitesse sur la base des panneaux lus est agaçant et doit être désactivé à chaque mise sous tension de la voiture. Heureusement, il y a un raccourci sur l’écran central. Il y a aussi une paire de caméra dans la voiture, une qui filme la route et peut servir de “dashcam”, une autre qui filme les occupants. Elle permet au passager de participer à une visio-conférence sur son écran.

Au volant

Le terrain de prédilection de la Classe E, ce sont les autoroutes, les boulevards de centre-ville et occasionnellement de petites rues où elle sera moins à son aise. Le voyage que j’ai prévu me demande d’emmener une certaine quantité de matériel, point où la version break aurait été plus adaptée. La hauteur du coffre est la limite la plus handicapante je trouve. Les caisses de rangement les plus grandes ne passent pas. J’ai pu mettre un énorme sac Ogio 9800 et un second aurait pu trouver sa place à coté ; mais ils occuperaient le centre du coffre car sa profondeur est réduite sur les côtés. Voyager à 4 avec des valises semble difficile. La taille paraît plus étudiée pour qu’un chauffeur amène deux clients quelques part.

En roulant dans une voiture hybride et lorsqu’on en dispose, il convient de privilégier la navigation intégrée au véhicule. Elle optimise la consommation tout au long du trajet, notamment l’usage du moteur électrique qui, sans planification, viderait rapidement les batteries. Ainsi, sur 600 km de trajet, la voiture a conservé les 15 km d’autonomie électrique nécessaire à aller de l’autoroute à l’hôtel en fin de trajet.

Et l’autonomie électrique de cette Classe E est un atout. C’est la première fois que je ne conduis pas un générateur géant mais bien une voiture qui alterne intelligemment entre deux énergies. Au prix d’un coffre restreint, on a une voiture dont les 90 km de rayon d’action électrique est effectif. Avec une borne de charge à domicile et des trajets quotidiens inférieurs à ce kilométrage, on pourrait n’avoir besoin de carburant qu’occasionnellement.

En dehors de longs trajets, j’ai fait passablement de déplacements de type “commuting” avec au final une consommation moyenne de 6.2 l/100 km. Sur un long trajet vers le Sud, la moyenne est descendue à 5.2 l/100km (batterie pleine et plus de descentes que de montées). Sur plusieurs jours, j’ai aussi parcouru un total de 240 km en électrique, très appréciable.

Le confort de conduite est au rendez-vous et la direction allie précision et légèreté. La suspension gomme la surface de la route sans transformer la E 400 e en un bateau sujet au roulis. Avaler des kilomètres n’est qu’une formalité et j’imagine tout à fait utiliser cette voiture comme un outil de travail mais pas seulement.

Verdict

Voilà quelque chose que je ne soupçonnais pas : cette E 400 e a quelques défauts, tel que le coffre réduit, mais également de sérieux atouts pour en faire l’unique voiture d’un foyer. Pouvoir circuler la semaine durant uniquement en électrique puis, le week-end venu, traverser l’Europe sans avoir à s’arrêter à des bornes de charge est tout à fait possible. De plus, le niveau de confort est excellent, à la hauteur des CHF 116’413.- de la configuration essayée. Par contre, il n’y a pas de charge rapide sur courant continu pour ce prix, il faut ajouter CHF 580.- pour en disposer.

Si on peut se contenter de ne pas aller dans des endroits trop étriqués avec sa voiture, la Mercedes E 400 e garde le meilleur des deux mondes. Quant à la question de l’espace limité dans le coffre, s’il est bloquant, on peut se tourner vers une version break plutôt que berline mais ce ne sera pas une 400 e qui n’existe pas en break ; dommage.