Essai – Ford Mustang (Mk VII) V8 5.0 Convertible : Une icône qui résiste au présent
Avec sa silhouette iconique et son V8 atmosphérique rugissant, la Ford Mustang continue de faire battre le cœur des amateurs de Muscle Cars. Mais dans un marché européen de plus en plus exigeant, la recette américaine tient-elle encore la route ? Nous prenons le volant d’un exemplaire jaune vif, en déclinaison Convertible, pour une immersion sans filtre, entre nostalgie assumée et remise en question nécessaire d’un mythe roulant.
Texte : Matthieu Giraudier / Photos : Jeremy Pillier, Matthieu Giraudier
La Mustang, c’est un mythe à quatre roues. Une Américaine pure jus, faite pour cruiser cheveux au vent, le regard perdu entre deux lignes droites. Pourtant, aujourd’hui, dans un univers automobile européen qui place le raffinement, la technologie et l’efficience au cœur du jeu, l’approche très “old school” de la Mustang intrigue autant qu’elle détonne. Et si ce gros jouet décapotable à moteur V8 avait encore quelque chose à dire ?
La promesse d’un V8 atmosphérique, d’une silhouette immédiatement reconnaissable et d’un tempérament joueur suffit-elle à séduire au-delà du cercle des passionnés ? Avec une inflation généralisée des standards – qu’ils soient techniques, ergonomiques ou esthétiques – le défi est immense pour une icône qui, malgré les évolutions, n’a jamais renié ses fondamentaux. Deux semaines à son volant m’ont permis de vérifier si la magie opère toujours ou si, derrière le bruit et la fureur, il n’y aurait pas un concept à bout de souffle.
A l’extérieur
Visuellement, la Ford Mustang V8 ne triche pas. Sa face avant, sculpturale, exhibe une calandre noire glossy surmontée d’un capot bombé avec aération centrale, clin d’œil assumé aux Muscle Cars des seventies. Le coloris jaune métallisé de notre exemplaire tranche violemment avec les détails sombres : grilles, bas de caisse, rétroviseurs. C’est tape-à-l’œil, volontairement extraverti et cela provoque immanquablement un effet « waouh » auprès des passants. Les enfants adorent, les curieux se retournent et les amateurs de style américain y trouvent leur compte.
Les projecteurs LED à triple signature lumineuse apportent une touche contemporaine sans dénaturer le style. De profil, les épaules sont marquées, les lignes horizontales tendues, la silhouette longiligne ; la capote en toile contribue à cette allure de GT d’un autre temps. Le badge « 5.0 » apposé sur l’aile avant rappelle fièrement la cylindrée, comme un manifeste visuel assumé.
Petit bémol : certains détails, comme les jantes en 18 pouces (trop petites pour remplir les arches de roue), les plastiques noir brillant ou le diffuseur arrière paraissent datés, voire bon marché. L’arrière, moins caractériel que l’avant, conserve la signature lumineuse à trois bandes verticales mais manque un peu de punch visuel. Heureusement, les quatre sorties d’échappement restaurent la promesse : celle d’une voiture qui vit par son moteur. En résumé, c’est une Mustang dans l’âme et dans les lignes, iconique mais un peu figée.
A l’intérieur
Installez-vous à bord et vous plongez dans un univers contrasté. Les sièges en cuir, confortables et bien dessinés, offrent un excellent maintien sans être trop rigides. La position de conduite est irréprochable, adaptative aussi bien pour les grands gabarits que pour les conducteurs plus compacts. Les commandes tombent bien sous la main, les accoudoirs sont bien placés et la vision périphérique est correcte pour un cabriolet de ce gabarit.
Mais passé cet accueil flatteur, certaines limites apparaissent. La finition est globalement datée. Les plastiques, les ajustements, les décors imitation carbone… tout trahit un intérieur conçu pour le marché US, avec une exigence de qualité très différente. Certains éléments font franchement bas de gamme, comme l’habillage des contre-portes ou encore les contours de la console centrale.
La dalle numérique, en revanche, relève le niveau : fluide, bien intégrée, elle propose un système d’infodivertissement réactif, avec de jolies animations selon les modes de conduite. L’ergonomie est simple, lisible et sans fioritures. L’interface Apple CarPlay/Android Auto fonctionne bien et les équipements de confort sont présents : induction pour smartphone, commande vocale, sièges chauffants.
Les places arrière ? Elles sont symboliques. Inhabitables pour des adultes, elles rendront de menus services occasionnels mais rappellent que la Mustang est avant tout une 2+2. La capote, maniable mais peu sophistiquée, fonctionne via une manette mécanique suivie d’un bouton électrique. C’est fonctionnel mais peu valorisant.
En somme, on a à faire avec un habitacle qui assume pleinement son orientation pragmatique : on y retrouve une ambiance plaisante et des équipements fonctionnels mais sans grande recherche de raffinement ni de matériaux nobles. L’essentiel est là pour profiter de la route, sans s’encombrer d’extras superflus.
Sous le capot
Pas de downsizing ici : seul et unique bloc disponible à la configuration dorénavant, le V8 5.0 litres atmosphérique est fidèle au poste. Délivrant quelque 446 chevaux pour un couple généreux de 540 Nm, ce moteur reste l’un des derniers de sa race, un pur atmosphérique sans turbo ni hybridation. Il est accouplé à une boîte automatique à 10 rapports qui alterne entre confort de roulage en cruising et lenteur relative lors des fortes sollicitations.
La consommation relevée durant notre essai s’établit à 13.24 l/100 km en moyenne, un chiffre conséquent mais attendu compte tenu du poids et du caractère moteur du véhicule. Lors de phases de conduite plus dynamiques en cycle extra-urbain, avec un rythme soutenu, cette valeur est montée jusqu’à 14.64 l/100 km. En conduite apaisée et fluide sur de longs trajets de type “cruise”, elle est descendue à 11.59 l/100 km. Cette soif assumée s’inscrit dans la tradition des Muscle Cars mais souligne aussi la difficulté de faire coexister plaisir mécanique et efficacité énergétique dans un contexte réglementaire de plus en plus contraint.
Au volant
En ville, la Ford Mustang brille par son inadaptation. Large, dotée d’un empattement conséquent et d’un rayon de braquage très limité, elle se montre peu maniable dans les environnements denses. La boîte automatique ne facilite guère les créneaux ou les manœuvres lentes et l’expérience devient vite pesante. On sent que cette voiture n’a pas été conçue pour la ville qui n’est ni son territoire naturel, ni sa zone de confort. L’amortissement reste toutefois souple et absorbe correctement les irrégularités du bitume. Mais l’envie de fuir la cité devient vite une évidence.
Dès que l’on atteint les grands axes, la Mustang dévoile une toute autre facette. Sur route ouverte, elle devient une sorte de bonbon mécanique. Le V8 atmosphérique se montre incroyablement coupleux, toujours prêt à relancer sans effort. En conduite normale, la boîte automatique fait le job, bien que parfois hésitante en cas de fortes sollicitations. Les rétrogradages sont parfois lents. Pour retrouver une vraie réactivité, il faut passer en mode manuel. Là, le moteur reprend la main et les sensations suivent.
En conduite plus dynamique, la Mustang reste fidèle à son ADN : joueuse mais pas tranchante. Avec les pneus hiver montés sur notre modèle d’essai, l’arrière se déleste volontiers et l’avant souffre de sous-virage en entrée de courbe. Ce n’est pas une pistarde, encore moins une supercar mais elle garde une attitude vivante et amusante qui parle aux amateurs de sensations douces-amères. On peut rouler vite mais ce n’est pas son terrain de jeu favori. Elle préfère qu’on la provoque gentiment plutôt que de la pousser dans ses retranchements.
Sur autoroute et routes campagnardes, elle entre dans son élément, là où elle respire. Les longues lignes droites, les dépassements rapides, les vitesses de croisière stables… c’est pour ça qu’elle a été conçue. Elle incarne une certaine idée du cruising à l’américaine. Le confort est très bon, l’amortissement fait preuve de rigueur et la voiture semble flotter sur la route. Il y a une vraie douceur dans la conduite sur de longues distances.
Capote ouverte, l’expérience gagne en intensité mais aussi en turbulences. Il n’y a pas de filet pare-vent derrière les sièges et cela se ressent dès que la température descend en dessous de 20°C. Le vent entre dans l’habitacle, perturbe l’écoute, les échanges ; il impose vite de relever les vitres, encore plus à vitesse élevée. Le volant chauffant devient alors un allié précieux pour ne pas se geler les doigts. On est loin du raffinement des cabriolets premium mais le charme opère quand même. C’est brut, c’est authentique, c’est une Mustang.
Et puis il y a le bruit, le vrai. Pas celui fabriqué par des haut-parleurs ou simulé par une IA. Un gros V8 qui crache ses décibels, qui grogne à froid, rugit à chaud et résonne dans les tunnels avec une intensité presque déplacée. Tout vit. Tout vibre. Tout hurle. C’est jouissif, tant qu’on aime ce genre de musique. Ce n’est pas discret, ce n’est pas consensuel mais c’est sincère. Et à une époque où l’émotion mécanique se fait rare, cela vaut de l’or.
Verdict
La Ford Mustang V8 Convertible est un objet de passion plus que de raison. Fidèle à l’esprit Muscle Car, elle privilégie le plaisir mécanique et l’expérience sensorielle à la rigueur dynamique ou au raffinement. Bruyante, voyante, attachante, elle séduit les amateurs d’émotions brutes tout en révélant les limites d’un concept devenu nostalgique face aux standards contemporains.
Elle n’offre ni la précision d’un coupé européen, ni la qualité perçue d’un cabriolet premium. Mais elle assume son rôle d’icône : une machine à sensations, un jouet d’adulte pour les grands espaces, une parenthèse américaine dans un monde automobile toujours plus normé. Pour certains, ce sera un plaisir d’une fois. Pour d’autres, un souvenir impérissable.
Prix et options – Ford Mustang V8 5.0 Convertible
Prix de base : CHF 71’800.-
Peinture métallisée “Yellow Splash” : CHF 900.-
Suspension pilotée MagneRide : CHF 2’000.-
Prix TOTAL : CHF 74’700.-
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Nos remerciements à Ford Motor Company (Switzerland) S.A. pour le prêt de cette Ford Mustang V8 5.0 Convertible, ainsi qu’au garage ByMyCar à Meyrin/Genève, pour leur soutien logistique.
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