Essai – Audi SQ8 TFSI : La maturité

06 February 2025

La marque aux anneaux a présenté un léger restyling du SUV coupé Q8 en 2024. Nous prenons le volant de la version SQ8 TFSI à moteur thermique, à ne pas confondre avec le SQ8 e-tron électrique. Pas de grands bouleversements mais la sensation d’un aboutissement du modèle.

V8, essence, turbo, 4’000 cm³
507 ch à 5’500 t/min
770 Nm de 2’000 à 4’000 t/min
Boite de vitesses automatique, 8 rap.
Vitesse maxi : 250 km/h
0 à 100 km/h en 4.1 sec.
Poids : 2’315 kg
Long./larg./haut. (mm): 4’994 x 1’995 x 1’707
Conso. mesurée : 14.3 l/100km
Emissions CO₂ : 291 g/km (G)
dès CHF 136’200.-, mod.essayé: CHF 196’470.-

Texte : Julien Cornamusaz / Photos : Jacques-Antoine Dayer, Yann Ueltschi

L’Audi Q8, tout comme ses frères plus sportifs SQ8 et RS Q8, partage sa plateforme avec le Q7 mais présente une carrosserie plus sportive et au style plus affuté, intégrant un soupçon de Lamborghini Urus. Les marques du groupe offrent également le VW Touareg, le Bentley Bentayga et le Porsche Cayenne sur la même plateforme MLB evo.

Le Q8 se différencie des concurrents Mercedes-Benz GLE Coupé, Porsche Cayenne Coupé et BMW X6, qui ressemblent à leurs homologues GLE, Cayenne et X5 à l’avant mais arborent des lignes de toit encore plus élancées, semblables à celles d’un coupé. Ici, l’angle de la lunette arrière est moins prononcé.

Audi a ainsi rafraîchi ses grands SUV à fin 2024. Le SQ8 que nous testons ici est déjà disponible, tout comme les Q8 et RS Q8.

A l’extérieur

Pas de bouleversements pour ce restyling et c’est un euphémisme. On ne change pas un produit qui gagne, tant le design du Q8 n’a pas souffert de la critique. Les modifications se limitent à des mises à jour de détails, comme de nouveaux badges et de nouvelles textures de calandre.

Tous les modèles sont désormais équipés de série de phares Matrix LED tandis que le SQ8 est disponible avec des phares HD Matrix LED intégrant l’éclairage laser Audi, ainsi que des feux arrière OLED avec signatures sélectionnables.

La teinte de notre véhicule de presse est « Blanc Glacier » métallisé avec le pack style noir qui comprend des accents noirs au niveau de l’Audi Singleframe, des baguettes décoratives sur les vitres latérales, des inserts de porte latéraux et des pare-chocs avant et arrière ainsi que des rails de toit noirs.

Il existe également de nouveaux modèles de roues, dont les plus grandes mesurent 22 pouces de diamètre, ainsi que de nouvelles couleurs. Notre modèle de test est équipé de superbes jantes Audi Sport 22’’ tournées brillantes en option à CHF 1’360.-.

A l’intérieur

Le modèle mis à notre disposition étant configuré « haut-de-gamme », nous disposons de l’intérieur biton gris argent/jet-blanc du plus bel effet, intégré au paquet AE-Design à CHF 12’230.- quand même. Les sièges Sport Plus, option supplémentaire à CHF 1’440.-, sont donc garnis en gris, avec des bords blancs. Des rappels en Alcantara blanc ornent les contre-portes. Audi maîtrise ce genre de configurations à la perfection.

Mis à part les assises sport, il est difficile de distinguer cette version du reste de la gamme Q8 une fois à l’intérieur. La qualité de fabrication demeure excellente et la banquette arrière est très spacieuse. Hormis évidemment les nombreuses options présentes ici mais également disponibles sur un Q8 non S, tout est identique au Q8 dans sa version de base. Mention particulière au décor carbone mat (CHF 1’110.-) du plus bel effet.

Comme beaucoup d’interfaces à écran tactile du marché, celle-ci nécessite une forte pression plutôt qu’une légère caresse pour l’activer, ce qui rend une tâche déjà délicate plus difficile encore en déplacement. Le fait de placer presque toutes les commandes dans des panneaux plats rend également impossible le développement d’une mémoire musculaire appropriée, ce qui vous oblige à détourner le regard de la route même pour sélectionner le mode de conduite. Par chance, les commandes principales sont rapidement accessibles mais cette mode du tout tactile ne fait vraiment pas l’unanimité.

Le cockpit virtuel affiche désormais une représentation graphique de la voiture, sa position dans la voie et la présence éventuelle d’autres véhicules à proximité. A part quelques nouvelles incrustations, c’est à peu près tout en termes de changements. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas une mauvaise chose car l’intérieur du SQ8 respire la classe. Globalement, on retrouve la vraie qualité de finition Audi, au contraire de certains modèles récents qui pouvaient décevoir, en particulier les versions électriques.

Sous le capot

Les Q8 et SQ8 ne subissent aucun changement mécanique.

Le moteur du SQ8 est un V8 turbo de 4.0 litres qui, avec ses 507 ch et un couple généreux de 770 Nm dès 2’000 t/min, ne fait pas les choses à moitié. Avec la transmission intégrale Quattro couplée à la boite automatique à huit rapports, c’est suffisant pour propulser les 2’315 kg à vide du SQ8 de 0 à 100 km/h en 4.1 secondes et atteindre la vitesse de pointe limitée à 250 km/h.

Vous ne vous souciez guère de l’efficacité si vous envisagez l’un de ces modèles mais les chiffres officiels suggèrent qu’il consomme entre 11.9 et 12.8 l/100km ; nous n’avons pas fait mieux que 14.3 l/100km sur l’ensemble de l’essai, ce qui finalement semble assez logique vu la motorisation et le poids.

Cette base moteur est également utilisée dans de nombreux autres modèles du groupe, avec des différences en termes de puissance et de couple. Ici, la sonorité est très flatteuse et je ne m’attendais pas à cela tant les versions S sont généralement feutrées chez Audi. On pourrait parler d’échappement RS sur ce modèle S !

Au volant

Si vous voulez conduire rapidement ce grand SUV de 2.2 tonnes, l’équiper avec la technologie antiroulis active est essentielle (Paquet de châssis avancé à CHF 4’180.-). En conduisant le SQ8 dans une séquence de virages rapides, la mesure dans laquelle ce système résiste courageusement aux mouvements de la carrosserie, autrement inévitables, est palpable et vous encourage à pousser plus fort dans chaque virage suivant. J’ai déjà utilisé un SQ7 diesel qui inaugurait ce châssis et le résultat est toujours aussi bluffant. Bentley se l’est d’ailleurs approprié et l’on parle désormais du châssis « Bentley ». Il ne gomme pas totalement le roulis mais vous en donne juste assez pour vous donner une impression rassurante plutôt que restrictive. Ce système, couplé au différentiel actif, est vraiment impressionnant en sortie de courbe. Volant droit, sensation de survirage et presque pas de roulis, cela surprend dans un SUV. Il s’agit selon moi du meilleur système de contrôle de roulis sur le marché actuel et il faut vraiment l’essayer pour découvrir à quel point il est efficace.

Autre élément du comportement, c’est le contrôle de l’amortissement sur les bosses. La suspension pneumatique S est bien plus ferme que la version standard du Q8, ce qui signifie qu’elle gère les irrégularités de la chaussée de manière beaucoup plus décisive. Bien que ferme, elle donne le sentiment d’être plus confortable grâce à la quasi-absence de roulis.

Les sensations sportives sont également soutenues par une excellente boîte automatique qui égrène les rapports de manière sportive mais sans à-coup. Là aussi, rien d’extraordinaire mais une sensation de mise au point aboutie.

Le seul bémol que je relève à toute cette génération basée sur la plateforme MLB evo, c’est sa largeur. Avec plus de deux mètres vingt aux rétros, c’est vraiment gênant en ville comme sur des routes de montagne. Peut-être est-ce le prix à payer pour disposer de trois vrais sièges sur la banquette arrière.

Verdict

Si le Q8 est la voiture qui vous convient, nous vous suggérons d’acheter le SQ8. Non pas parce qu’il est plus rapide – ce qui est certainement le cas – mais parce qu’il est beaucoup plus agréable à conduire.

Cependant, comparé aux offres hybrides rechargeables de ses concurrents, il semble de plus en plus anachronique et la nature limitée de ce lifting suggère que même Audi pense avoir de plus gros poissons à frire. Le SQ8 demeure un véhicule de niche, très abouti mais qui sera probablement bientôt mis de côté au profit de versions plug-in hybrides moins gourmandes en carburant et en taxes.